mardi 16 novembre 2010


C'est plein de kleenex, de bouteilles vides...

"Les Petits Mouchoirs" de Guillaume Canet (F); avec François Cluzet, Marion Cotillard, Benoît Magimel, Valérie Bonneton, Gilles Lellouche, Pascale Arbillot...

A la suite d'un événement imprévu et bouleversant, une bande de potes décide malgré tout de partir en vacances en bord de mer, comme chaque année, dans la villa de l'un des leurs, restaurateur plein aux as mais maniaque du contrôle... Au vu des derniers développements impromptus, leurs secrets, leurs amitiés, leurs amours, leurs certitudes vont se retrouver soumis à rude épreuve...

Arf ! En voila bien un qui ne va pas être facile à chroniquer et encore moins à critiquer, tiens...

Parce que sa vision laisse un drôle de goût dans la bouche.
Et que l'on reste sur cette impression bizarre de ne pas savoir ce que l'on en pense exactement.

Ou plutôt si.
A savoir exactement ce qu'on l'en pense, en fait. Et pas vraiment du bien, pour tout dire.
Tout en étant troublé d'avoir quelque part aimé ça.
Troublé... et fâché, d'ailleurs.
Fâché d'avoir à ce point été manipulé, roulé dans la farine par un film qui se veut bourré de bons sentiments et "qui donne envie à la sortie de la salle d'aimer tout le monde et d'aller embrasser ses copains" (Sans blagues ! Dixit le dossier de presse !) mais qui n'est au final qu'un blockbuster franchouillard, un produit extrêmement commercial, formaté, construit, boulonné pour que ça marche.
Un produit dont on voit chaque rouage, dont on devine chaque ficelle.
Derrière lequel on entrevoit - et même pas en filigrane ! - la silhouette du réalisateur en train d'appuyer sur les boutons pour provoquer au bon moment telle ou telle réaction.

Un condensé de scènes convenues, de personnages clichés, d'alternance boulevardière de rire et de larmes tellement forcée qu'elle en devient hideuse.

Le tout renforcé par une musique sursignifiante qui vous dit bien, comme tout le reste, à QUEL moment QUELLE émotion ressentir.

Et pourtant - on pourrait dire "forcément" - ça marche.

C'est tellemment emballé pour susciter l'empathie et l'identification que ça marche.

Et c'est d'autant plus agaçant que, débarassé de ces considérations purement commerciales - après tout, peut-on vraiment reprocher à un auteur de vouloir à tout prix que son film marche ? - "Les Petits Mouchoirs" reste une oeuvre bancale. Inaboutie.

Un film qui réserve certes de bonnes choses mais pour combien d'autres... foireuses ?

Lesquelles, à force de stéréotypes et de polissage effréné finiront bien par marcher aussi.
Parce que c'est ainsi.

Pour un personnage bien écrit (François Cluzet en maniaco-dépréssif), un autre brossé à la truelle (Marion Cotillard, en bonne copine presque bon copain, Gilles Lellouche en beauf forcément au grand coeur).

Mais ça marche.

Pour une situation originale (les fouines, l'ensablement du bateau), un tombereau de lieux communs (le final, tellement téléphoné qu'on le devine dès l'ouverture).

Mais ça marche.

Pour un acteur finement dirigé (Magimel, pour une fois très, très bien), un autre insupportable au point qu'on a envie de le baffer* (Laurent Laffite, en descendance borgne de Michel Leeb sous cortisone).

Etc, etc, etc.

Et malgré ça - et malgré aussi la longueur de la chose (2 heures 34, excusez du peu !) - oui, oui, oui, trois fois oui; ça fonctionne !
Encore et toujours.

Ca écoeure, ça donne envie de se donner des claques pour se réveiller tellement le rêve dégouline de sirop, mais-ça-marche !!!!!!

Parce que ça table sure les émotions les plus brutes, les plus primaire et que ça n'hésite vraiment pas à en remettre trois louches, que ce soit dans le pathos (l'épilogue, à hurler !), la gaudriole (Cluzet perd son maillot, ha ha ha !!!!) ou le "convivial" (toute la partie avec Maxim Nucci, à braire d'horreur pure !).

Le pire (ou le meilleur, après tout. Tant mieux pour Canet qui reste somme toute un acteur attachant et un réalisateur intrigant), comme le disait Crédit Lyonnais sur les ondes d'une radio nationale, c'est que ce truc semble bien parti, au vu des éclats de rires et des yeux embués à l'issue de la projection, pour devenir culte.
Une sorte de "phénomène générationnel".

Alors que, pour paraphraser "Libération", cette fois, au final ce n'est jamais que l'épisode le plus long et le plus épique de "Plus Belle la Vie"...

Mais ça marche...

Ca marche.

Ca...

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!



Cote: de zéro à l'infini et au delà, à vous de voir.


(* Oui, soyons honnête, dans son cas c'est fait exprès. Et ça marche !)

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