dimanche 14 novembre 2010

Le retour des indigènes...

"Hors-la-loi" de Rachid Bouchareb (F/Al.); avec Jamel Debbouze, Sami Bouajila, Roschdy Zem, Bernard Blancan, Sabrina Seyvecou, Jean-Pierre Lorit...

Rescapés des massacres de Sétif et chassés de leurs terres, trois frères quittent l'Algérie et vont dans un premier temps suivre des voies séparées. Messaoud s'engage pour l'Indochine. En france, Abdelkader prend fait et cause pour le mouvement pour l'Indépendance de l'Algérie et Saïd fait son beurre dans les clubs et les trafics louches. Réunis enfin autour de leur mère, les trois frères verront leur destin se mêler inexorablement à celui de leur patrie, en lutte pour sa liberté.

Voila encore un beau film digne. Très digne.
Trop digne sans doute...

Comme corseté, paralysé même devant l'empleur de l'enjeu - ce qui était déjà le cas d' "Indigènes" dont ce "Hors-la-Loi" devait au départ être une suite directe, les aléas du scénario en ayant finalement décidé autrement - Bouchareb livre donc une oeuvre certes concernée, sobre et historiquement passionnante mais poussiéreuse, comme engoncée dans son sujet et, du coup, bien trop froide pour réellement passionner.

Ca manque de souffle et de lyrisme. Et ce genre de sujet en demande, justement.
La réalisation est extrèmement académique, sagement illustrative, on pourrait même dire plate.
Et le tout donne un peu l'impression de regarder l'histoire se dérouler derrière une vitre, comme dans un musée.

Voire de regarder un fort bon téléfilm.

Bien sûr, "Hors-la-loi" est ce qu'on appele un film "nécéssaire" et cela que l'on adhère ou non au point de vue du réalisateur.
Et c'est bien là le problème: en dehors de nous apprendre des choses (ce qui est déjà beaucoup, je vous l'accorde) le film n'apporte rien - et ce malgré l'embryon de controverse qu'il a pu susciter lors de sa projection à Cannes - tant on se sent peu concerné par ses enjeux et surtout par les tenants et aboutissants de ses personnages.

C'est d'autant plus dommageable que, sur le papier, ceux-ci sont intéressants.
Celui de Sami Bouajila est très ambigu et donne à voir un aspect pas forcément reluisant de la lutte pour l'Indépendance. Mais par opposition, celui de Jamel par exemple est quant à lui beaucoup trop caricatural, malgré les efforts de son interprète pour lui donner corps, pour ne pas prèter à sourire.

L'autre principal défaut du film réside dans son écriture et surtout dans la qualité de ses dialogues: il est parfois pénible, d'autant que le film est fort verbeux, de voir ânnoner par les acteurs des phrases aussi sentencieuses qu'elles en sombrent régulièrement dans le ridicule.

Bref, l'un dans l'autre, on se demande quand même si, tant qu'à faire, Bouchareb n'aurait pas du forcer dans le naturalisme cynique (mais n'est pas Kechiche et sa "Vénus Noire" qui veut) voire réaliser carrément un documentaire.

Tel quel, "Hors-la-loi", film que l'on devine par contre éminemment sincère, n'est ni fait ni à faire, ni fresque ni film à thèse, ni chair ni poisson.

C'est dommage, oui. D'autant plus qu'on ne s'ennuie pas à sa vision.

Allez... La prochaine fois, peut-être ?


Cote: **

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