dimanche 25 octobre 2009



Croquettes de crevettes.

"District 9" de Neill Blomkamp (SA); avec Sharlto Copley, Vanessa Haywood, Jason Cope, Robert Hobbs, David James, Nathalie Boltt...

Depuis 28 ans, un gigantesque vaisseau extraterrestre stationne au-dessus de Johannesbourg. Les aliens qu'il contenait, réfugiés malades et livrés à eux-mêmes ont été depuis parqués dans un camp, le District 9. Celui-ci est géré par MNU, une société privée qui cherche à faire fonctionner l'armement extraterrestre, lequel ne peut être rendu opérationnel que grâce à l'ADN des créatures. Suite aux plaintes de la population, MNU organise le transfert des E.T. vers un nouveau camp, plus éloigné de la ville. Wilkus van der Merwe, un fonctionnaire complètement inapte, est chargé de superviser l'opération...

Voilà, c'est classique ! Voilà ce qui arrive quand on me survend un film comme si c'était la 8ème Merveille du 9ème Art. Je suis déçu !

Et ici c'est peu de dire que le buzz a fonctionné à plein régime.
Sites et magazines spécialisés, "collègues" journaleux (spécialisé ou non, quant à eux), télé, potes... Tout et tous abondaient dans le même sens: "District 9" c'est LA bombe du moment !
Avec, pour faire monter encore un peu plus la mayonnaise, cet espèce de label "petit film bricolé pour 5 francs 6 sous par d'illustres inconnus, dans leur coin" (et en Afrique du Sud, en plus !), "brol qui va rapporter des millions alors qu'il a coûté dix balles", gnagnagna, ce genre...

Mouais... Voire...

Illustres inconnus, bricolage, micro-budget...
L'engin est quand même produit par Peter Jackson, excusez du peu !
Et torché par l'un de ses protégés, Neill Blomkamp, déjà bien connu des spécialistes pour avoir réalisé pas mal de clips et de pubs côtées (dont celle avec la bagnole qui s'anime et qui danse façon Transformers. Pub qu'il recycle vaguement ici et qui m'a toujours bizarrement mis mal à l'aise).

Et puis, si l'ensemble a un côté bricolé - et c'est ici que le gaillard, roublard, nous rattrape - c'est plus dans la forme, dans le style...
C'est donc délibéré, voulu... et maîtrisé.
Et c'est là que c'est habile, bien entendu.
Parce que, trève de plaisanterie, "déception", je rigole.
Faut pas pousser !
Par rapport aux sommets attendus, d'accord, peut être. Mais c'est bien tout.

Car si l'on peut nourir de sérieuses et légitimes réserves à son égard, "District 9" est quand même à l'arrivée une belle "petite" réussite.

Dans ce qu'il raconte d'abord, bien sûr, et dans sa métaphore (peut-être un peu trop) évidente de l'Apartheid (oui, bon, tarte à la crème, le fait que l'action soit située à Jo'bourg n'y est évidemment pas pour rien) et de l'intolérance en général.

Par son côté politiquement incorrect ensuite.
Parce que, là aussi, c'est peu dire que tout le monde morfle et sévèrement.
Sud-africains présentés comme des rednecks racistes, nigérians (misère !) et même extraterrestres, ce qui est particulièrement culotté quand on sait ce qu'ils sont sensés symboliser.
Crades, sanguins, vindicatifs, vénaux, ils concentrent en eux toutes les tares.
Et pourtant, au milieu de toute cette fange, ils finissent par paraître curieusement attachants.
Ce qui ne nous empêche pas de rire - car, oui, le film est surtout drôle - de la manière dont on les traite. Et même dont on les élimine.

La forme, enfin, vient généreusement enfoncer le clou.

Le film mélange les genres avec un bonheur évident: comédie, donc (le début on dirait presque "The Office" avec des aliens, d'autant que le personnage incarné par l'étonnant Sharlto Copley renvoie de manière curieuse à celui que Ricky Gervais campe dans la série), S.F., bien sûr (et de la belle, le look des E.T. et le gros vaisseau en particulier, même si la direction artistique et les effets spéciaux frôlent parfois le D.I.Y.), du film d'action pur boules, du quasi-film social, n'en jetez plus, la cour est pleine.

Et d'un point de vue stylistique et formel ça suit.

En épousant de manière pour une fois maîtrisée un genre que l'on croyait pourtant usé jusqu'à la corde surtout ces dernières années - à savoir celui du faux reportage caméra à l'épaule, truffé de pseudos interview et variant autant les points de vue que les supports - "District 9" atteint un niveau de dynamisme que l'on ne pensait quasiment plus possible dans un film de genre.

Alors, oui, bien sûr, il y a des défauts.

Le film est trop long de manière générale et surtout sur la fin (vingt minutes de fusillade ultra redondante et finalement chiantissime qui auraient très bien pu tenir en cinq).
Blomkamp a tendance à étirer à l'infini un scénario tenant finalement sur un ticket de tram.
Non pas en multipliant les scènes inutiles mais bien en étirant à l'extrème toutes celles qu'il a sous la main (je ne sais pas si c'est bien clair mais bon).

Et puis il y a des trous dans la narration, des scènes un peu bancales et quelques personnages - quand même - par trop caricaturaux.

Mais allez, bon, bref...
L'un dans l'autre il est quand même permis de savourer comme il se doit ce petit film de genre original et mal lavé.
Sans pour autant en faire le film de l'année.

Alors, déçu ? Où avez-vous lu que j'ai été déçu ?


Cote: ***

5 commentaires:

LE DIABLE a dit…

Faut pas étre décu mon petit bonhomme. C'est pas une bouze non plus, mais c'est pas non plus un chef d'oeuvre.Ca se voit et puis s'oublie assez rapidement. Volgende next...

Anonyme a dit…

C'est trop chère !

Cartman a dit…

Pas un chef-d'oeuvre mais quand même très bien, trouve-je...

Trop de buzz tue le buzz !

Anonyme a dit…

Bien aimé, surtout l'addiction au pâté pour chats !

José

Cartman a dit…

Oui, y a quand même pas mal de bonnes idées, faut avouer. Mais un peu trop diluées.