vendredi 6 mars 2009



Le fabuleux destin de Benjamin B.

"L'Etrange Histoire de Benjamin Button" de David Fincher (USA); avec Brad Pitt, Cate Blanchett, Jason Flemyng, Julia Ormond, Jared Harris, Tilda Swinton...

Les tribulations - à la Nouvelle Orléans et ailleurs, de 1918 à nos jours - de Benjamin Button. Qui naquit à l'âge de 80 ans et vécu sa vie à rebours...

A première vue, on pourrait prendre "Benjamin Button" pour un grand film classique et romanesque, un mélodrame fantastique rose-bonbon et larmoyant doublé d'un feel-good movie un peu démago, forçant tant qu'il peut sur les violons...

Ou comme un simple tour de force technologique, gorgé d'effets numériques vraiment saisissants et réalisant en même temps une sorte d'idéal de film "à l'ancienne".

Et c'est vrai que c'est un peu tout ça à la fois.

C'en est même curieux (c'est d'ailleurs dit dans le titre. Hum. Pouf pouf...): car voila bien sans doute à la fois le film le plus hollywoodien et le plus personnel de son auteur.
Le plus classique et le plus novateur.
Le plus universel et, sans doute, le plus intime, aussi...

Et le miracle c'est que la formule s'étend également au public, qui sera sans doute touché par cette histoire dans laquelle tout un chacun, confrontés que nous sommes par la force des choses aux aléas de la vie, à la peur de vieillir et au mystère de la mort, trouvera sans doute une résonnance plus ou moins intime.

C'est ce qui fait sans doute tout le sel de ce film qui cache sous des dehors clinquants et tout public une âme beaucoup plus sombre qu'il n'y parait à première vue.
Car finalement, quoi de plus terrifiant que cette histoire de vie à l'envers?
Voir sa vie s'échapper, être plus sage enfant que vieillard, être en permanence confronté à la mort, vivre quelque part au milieu d'elle... Quand on y pense, c'en est presque paralysant. Non?

Alors heureusment, le film attendrit ce propos, l'adoucit en lui opposant une structure romanesque tonique et stimulante avec tout ce que cela suppose de grandes amours contrariées, de pyrotechnie, d'exotisme...

Pour cela, Fincher frappe très fort avec 2h35 d'un cinéma bigger than life, gorgé de grand spectacle, d'aventures picaresques et de personnages hauts en couleurs.

Sa réalisation, virtuose bien que plus effacée qu'auparavant, assagie tout en gardant sa patte, sers l'histoire avec une efficacité impressionnante.
Le tout est subtilement (quoi que... pas toujours...) rehaussé par des effets spéciaux numériques pour une fois totalement au service de l'histoire et non de l'esbrouffe.
Et l'ensemble nous donne un film à la fois majestueux et baroque, fastueux et suffisament vaste pour faire coexister la grande et la petite histoire, les anecdotes cocasses et les drames poignants, l'histoire d'amour elle aussi quasiment métaphysique et l'Histoire elle-même, celle avec un grand "H".

Bien sûr, il est facile de dire que le film fait penser à "Forrest Gump".
Même personnage hors norme, même façon de traverser l'Histoire, même type de narration. Mais on est assez loin ici d'un discours du style "heureux les imbéciles".
Benjamin Button est un homme qui souffre plus que tout autre et que son destin force à se surpasser, même si pour cela il doit parfois prendre des décisions qui déchirent des coeurs.

D'ailleurs, si des comparaisons sont à faire (et encore, ça concerne plutôt le début du film) c'est assez étonnamment du côté d' "Amélie Poulain" qu'il faudrait les chercher.
Avec un goût partagé pour les flashbacks, les voix-off et les digressions poétiques, par exemple. Et aussi une certaine approche visuelle, colorée et lumineuse.

Bien entendu, il serait faux de prétendre qu'on tient là le film parfait.
Son principal défaut étant à chercher dans sa longueur: il accuse en effet une petite baisse de régime malencontreuse, vers le milieu.
Mais cela n'est rien à côté de son potentiel à émouvoir (difficile de rester de marbre devant le crescendo émotionnel de la dernière demi-heure) et aussi à surprendre.

Rehaussé bien évidemment par la justesse de ses deux principaux interprètes (surtout Brad Pitt, il faut bien le dire), "L'Etrange Histoire de Benjamin Button" prépare visiblement une étonnante deuxième partie de carrière à son réalisateur.

Et se paye surtout le luxe de se poser - déjà - en futur classique. De ceux dont on reparlera sans doute encore longtemps.


Cote: ****

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Brad Pitt en petit vieux qui se fait dépucelé,j'adore.

Unknown a dit…

Pitt, c'est quand même un de ces acteurs ultra médiatique qui arrive à tenir des rôles... et des vrais rôles!

Cartman a dit…

Ouaich... Y a le bon Depp, aussi, dans le genre.