lundi 16 février 2009


La nuit des généraux.

"Walkyrie" (Valkyrie) de Bryan Singer (USA); avec Tom Cruise, Carice van Houten, Kenneth Branagh, Tom Wilkinson, Bill Nighy, Terence Stamp...

En 1942, le colonel Claus von Stauffenberg tente vainement de convaincre d'autres officiers supérieurs de la nécéssité de renverser le Fürher. Un an plus tard, alors qu'il se remet de blessures infligées sur le front lybien, il rejoint la Résistance allemande qui met au point une opération surnommée "Walkyrie". Laquelle permettra aux conjurés de contrôler Berlin et d'éliminer Hitler...

Voilà donc un film robuste et bien tenu.
Pour tout dire, costaud!
Un grand spectacle hollywoodien à l'ancienne, un de ces films de guerre comme les studios américains nous avaient habitué à en voir dans les années 50/60.
Plein de souffle, de pétarade, de suspense et de grands sentiments.
Un pur divertissement "sévèrement burné", comme on dit, devant lequel il est assez difficile de s'ennuyer, il est vrai.

Est-ce que ça en fait pour autant un bon film?
Oui et non...
Car si ce "Walkyrie" ne manque pas de qualités il est bien évidemment également truffé de légers défauts et de petites maladresses.

Au premier chef, on peut regretter son manque de rigueur historique (bien que l'ensemble de l'histoire soit assez fidèle à la réalité, c'est au niveau des détails que le bât blesse).

Un travers malheureusement par trop répandu dans les films (américains) de ce type, surtout ceux qui traitent de le Seconde Guerre Mondiale, les scénaristes et réalisateurs amérikis ayant tendance à se dissiper, tirant à eux des couvertures qui ne leur appartiennent pas, pratiquant par cela une sorte de "révisionnisme light".
Rien de tout cela ici, heureusement (on est quand même loin de "Pearl Harbor" ou surtout de "U-571") mais néanmoins...
On pourra pour le moins reprocher au film de survoler son sujet et de céder trop facilement aux ficelles d'un romantisme de trop bon aloi.
Présenter les conspirateurs comme des gens mûs par une véritable opposition idéologique au nazisme, par exemple, c'est quand même un peu court, jeune homme.
Et c'est oublier que la plupart de ces types agissaient plutôt par intérêt national. Voire "nationaliste"...

On pourra également regretter de voir passés sous silence certains épisodes connexes ou développements de l'histoire.
Comme l'implication du Maréchal Rommel, que les soupçons de participation à l'opération poussèrent au suicide.

Du coup, "Walkyrie" se concentre plus sur un suspense forcément éventé (on sait tous comment l'histoire se finit) que sur les véritables motivations des différents protagonistes.
Et c'est fort dommage.
D'autant que les officiers allemands sont quasiment tous interprétés par des acteurs anglais, fort doués au demeurant, mais assez peu crédibles dans leurs atours teutons, voire nazis.
On a un peu du mal à calculer des Branagh, Wilkinson et autres Bill Nighy en soldats allemands et cette approximation, côté casting, à tendance à déforcer encore un peu plus le propos du film.

Heureusement, le reste suit et plutôt bien.
D'une réalisation sobre (surtout de la part de Singer) mais singulièrement efficace, à un scénario lorgnant plus du côté du thriller que du film de guerre pur et dûr, bien ficelé malgré ses à-peu-près et suffisament riche en rebondissements pour du moins avoir la décence de ne jamais ennuyer.

Ajoutons à cela un vrai sens du spectaculaire (toute la partie sur la "prise" de Berlin est vraiment haletante) et une sorte de romantisme échevelé mais jamais lénifiant (Ah! Ces beaux "héros" sacrifiés, toujours efficace pour faire frissonner les rombières) et l'on obtiendra au final certainement pas un film très profond, non, mais en tout cas un vrai grand spectacle.

On aurait presque envie de rajouter "pour toute la famille"...

De la bonne vulgarisation, en quelque sorte, tant il est vrai que "Walkyrie" n'est après tout qu'un film, pas un cours d'histoire...

Mais, me dira-t-on, et Tom Cruise dans tout cela?

Eh bien c'est plutôt l'une des bonnes surprises de l'ensemble: omniprésent, très impliqué et très à son affaire, il compose un Stauffenberg juste et sobre. Efficace et carré.

A l'image du film, finalement.


Cote: **

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