mardi 30 décembre 2008
Da Big Top Twenty!
Bing, boum, va-va-voum! 2008 agonise et voici donc que déboule le Top 20 de les meilleurs films de l'année qu'elle est presque écoulée... Avec de vrais morceaux de frères Coen dedans, une plâtrée de films rosbifs, deux films belches (allons bon!), un ritalien (encore plus étonnant) et seulement deux franskiljoens (l'un des deux compte double, il est vrai, mais comme l'autre est à moitié belge...).
Enfin voila, quoi...
And this year's winners are...
1. "There Will Be Blood" de Paul Thomas Anderson (USA).
2. "No Country for Old Men" d'Ethan & Joel Coen (USA).
3. "Two Lovers" de James Gray (USA).
4. "Hunger" de Steve McQueen (UK).
5. "Mesrine" de Jean-François Richet (F).
6. "Juno" de Jason Reitman (USA).
7. "L'Echange" (Changeling) de Clint Eastwood (USA).
8. "Be Happy" (Happy-Go-Lucky) de Mike Leigh (UK).
9. "This is England" de Shane Meadows (UK).
10. "Into The Wild" de Sean Penn (USA).
11. "It's a Free World..." de Ken Loach (UK).
12. "7h58 ce samedi-là" (Before the Devil Knows You're Dead) de Sidney Lumet (USA).
13. "Vynian" de Fabrice Du Welz (B).
14. "Gomorra" de Matteo Garrone (I).
15. "Le Silence de Lorna" de Luc et Jean-Pierre Dardenne (B).
16. "Le Chevalier Noir" (The Dark Knight) de Christopher Nolan (USA).
17. "Louise-Michel" de Gustave de Kervern et Benoît Delépine (F).
18. "Burn After Reading" d'Ethan & Joel Coen (USA).
19. "Reviens-moi" (Atonement) de Joe Wright (USA).
20. "Lust, Caution" (Se, Jie) d'Ang Lee (TW).
-Meilleurs Acteurs 2008:
Daniel Day-Lewis (There Will Be Blood).
Ellen Page (Juno).
Javier Bardem (No Country for Old Men).
Allison Janney (Juno).
-Plus Mauvais Acteur du Millénaire:
Smaïn, talonné de près par Keanu Reeves (aka "Don Camillo fait du Kung-Fu").
Mention Spéciale 2008: Mark Wahlberg dans "Phénomènes" de M. Night Shyamalan.
-Top 1 du Meilleur Film du Monde de l'Univers Connu et Inconnu, Visible et Invisible vu en DVD:
"A l'Intérieur" d'Alexandre Bustillo et Julien Maury (F).
-Attentes pour 2008 (toujours en vrac et sans réfléchir):
"Shutter Island" de Scorsese (que j'attendais déjà pour cette année); "The Lovely Bones" de Peter Jackson (idem); "Milk" de Gus Van Sant; "Watchmen" de Zack Snyder; "L'Etrange Cas de Benjamin Button" de David Fincher; "Inglorious Basterds" de Tarantino; "Gran Torino" de Clint Eastwood; "The Wrestler" de Darren Aronofsky (avou Mickey Rourke); "Valkyrie" de Bryan Singer; "Drag me to Hell" de Sam Raimi, etc, etc.
Voila.
Cette fois-ci on a notre compte. Bonané à touzzz et tot 2009 (avec pour commencer les critiques de "Two Lovers" et "Louise-Michel" vus récemment et classés ci-dessus).
Tshaw!
lundi 29 décembre 2008
Idioterne.
"Burn After Reading" d'Ethan et Joel Coen (USA); avec George Clooney, Frances McDormand, John Malkovich, Tilda Swinton, Brad Pitt, Richard Jenkins...
Osborne Cox, obscur analyste à la CIA, vient de se faire virer. Ivre de rage, il décide de balancer le peu qu'il sait dans un livre de mémoires qu'il s'imagine déjà sulfureux et corrosif. Sa femme, qui le trompe avec un marshall fédéral, accueille la nouvelle avec philosophie. De l'autre côté de la ville, Linda Litzke ne pense qu'à une chose: sa future opération de chirurgie esthétique, pour laquelle il lui manque pas mal d'argent. Quand son collègue Chad découvre dans les vestiaires de la salle de fitness où tous les deux travaillent un CD contenant des infos relatives au futur livre de Cox, Linda se persuade qu'elle va pouvoir en tirer un bon prix...
Elle est pas belle la vie?
En une année non pas un mais deux films des frères Coen!
C'est-y-pas formidable?
Et deux bons en plus, même si dans des registres totalement différents...
Ils nous auront gâté, c'est le moins que l'on puisse dire...
Et donc, après le gargantuesque plat de résistance, voici venir le dessert, en forme d'ubuesque cerise sur le gâteau...
Soit "Burn After Reading", une "petite" comédie virevoletante et brillantissime, beaucoup plus méchante qu'il n'y parait de prime abord.
Et comme c'est dans la méchanceté que les frangins s'expriment le mieux, ce serait dommage de bouder notre plaisir et de passer à côté du truc, sous le prétexte futile qu'après "No Country for Old Man" il s'agirait ici d'un Coen mineur...
Car voila, que nenni!
Moyen, peut-être, mineur certainement pas (et encore faut-il s'entendre sur le sens que l'on donne ici à "moyen", tant il est vrai que de manière générale les gaillards placent la barre assez haut).
Non, c'est sûr, ils ont retrouvé la forme.
Après un assez long passage en creux (de "The Barber" à "Ladykillers", disons...), les revoici capables de torcher d'un coup deux excellents films en une année: un chef-d'oeuvre véritable et un vrai petit régal!
Car il serait facile de croire qu'après la noirceur du précédent, "Burn After Reading" ait été considéré par les Coen comme une sorte d'exhutoire. Qu'après tant de violence ils aient été tentés de se divertir en écrivant et tournant une comédie, féroce, certes, mais néanmoins légère...
Que nenni, ici encore, puisque le scénario de "Burn After Reading" a été écrit au même moment que l'adaptation du roman de McCarthy.
Un scénario pour lequel le fond (à savoir la vraie-fausse intrigue et le côté "espionnage" de l'affaire) importe finalement assez peu, d'ailleurs...
Non. Considéré comme la troisième et - forcément - dernière partie de leur fameuse "Trilogie des Idiots" (entamée avec "O'Brother" et poursuivie avec "Intolérable Cruauté", le trait d'union étant George Clooney), "Burn After Reading" est un réjouissant jeu de massacre dans lequel les rebondissements et surtout les comportements des protagonistes sont ce qu'il ya de plus important.
Et de ce côté-là on est gâtés, balancés que l'on est d'un agent de la CIA alcoolique et très énervé (Malkovich, fulminant et très en forme), à un marshall queutard et neuneu (Clooney, parfaitement ahuri), en passant par une foldingue obsédée et jusqu'au-boutiste (McDormand, qui remporte définitivement la palme) et un prof de fitness limite débile léger (Brad Pitt, incroyable avec son brushing "années '80" et ses petites chorégraphies ridicules).
Tous courant comme des abrutis congénitaux d'une situation improbable a une autre avec une espèce de logique implacable et pourtant difficilement compréhensible, tant elle ne semble appartenir qu'à eux...
Et du coup on se marre beaucoup, c'est vrai.
Et surtout on déguste, on savoure, on sirote tous ces quiproquos et retournements de situation quasi schizophréniques avec un plaisir visiblement partagé à la fois par un casting très à son affaire et par des frères Coen qui nous emballent le tout avec brio en se payant en plus le luxe de ne pas avoir l'air d'y toucher.
Et quand tout ça se termine - assez mal pour quasiment tout le monde en plus (spoiler dans ta face!) - on ne peut que se réjouir de ce brillant et inattendu cadeau de Noël, offert par l'un des duos d'auteurs les plus en forme du moment.
Cote: ***
jeudi 18 décembre 2008
Du rab de top en direc' du Bifff!
Le "sale téteur de Cara Pils qui va voir du gore hongrois au Bifff avec un klaxon de foot pour faire son Jean Gabin dès qu'il y a un téton sur l'écran" contre-attaque!
Et comme toujours en cette période de fêtes - et en attendant le Top 20 officiel, y a encore quelques films à voir... - vous livre (tout en parlant de lui à la troisième personne, mine de rien) son classement spéchieul fantastique/horreur/S.F. avec une dédicace particulière cette année à feu Forrest J. Ackerman parce que, quand même... il mérite bien ça (F.J. Ackerman, pas le sale téteur de Cara Pils, enfin bref...)...
This year's Top 10 (roulez tambours) is donc:
1. "Vinyan" de Fabrice Du Welz (B).
Pour une fois qu'on en tient un, on va pas le lâcher!
A mille lieues des habituelles cornichonneries belgo-belges (dont nous écarterons pour une fois les honorables frères Jambon) Du Welz continue à tracer son petit chemin de cinéaste cinéphile et discrètement virtuose sans avoir trop l'air de se préoccuper de ce qui l'entoure.
Ce brouet halluciné qui convoque à la fois Deodato, Coppola, Herzog et Gaspar Noé n'est certainement pas un chef-d'oeuvre (y a quand même un gros ventre mou) mais c'est au moins un truc "original" et surtout couillu.
Assez en tout cas pour attirer l'attention et presque forcer le respect.
Et comme même Emmanuelle Béart n'arrive pas à gâcher le plaisir qu'on y prend...
2. "Le Chevalier Noir" (The Dark Knight) de Christopher Nolan (USA).
L'incroyable testament d'acteur de Heath Ledger posé comme une noire cerise au sommet de ce qui restera sans doute pour longtemps LE film de super-héros absolu (même si Proust et sa foutue madeleine continuent à nous faire aimer d'amour le "Batman - Le Défi" de Burton)!
La confirmation pour Christopher Nolan et un Oscar posthume pour Ledger.
Emballé, c'est pesé!
3. "The Mist" de Frank Darabont (USA).
Une série B jouissive, une adaptation fidèle-mais finalement-pas tant-que-ça (forcément) d'une des meilleures nouvelles de Stephen King, un hommage aux bons vieux films d'horreur des années '80 (au premier degré, on est pas dans "GrindHouse"), des acteurs délicieusement en roue libre, des effets spéciaux de bazar, des scènes d'exposition bien trop longues, une utilisation un peu trop systématique de la caméra à l'épaule (burp!)...
On oscille pendant tout le film entre "petit" classique et nanard culte en devenir...
Et puis la fin arrive...
Et, comment dire, ...
C'est bien simple: j'y crois toujours pas!
Je... Oh la la!...
Ben non, y a pas de mots...
4. "Iron Man" de Jon Favreau (USA).
Bing boum badaboum... Et bling bling!
L'autre grande réussite de l'année en matière de "super-hero flick" (et, croyez-le ou non, le Hulk et le Hellboy sont quand même pas mal non plus).
Malin, efficace et là aussi, y a pas de miracle, porté (et ici c'est vraiment le cas de le dire) par un acteur d'exception: Robert Downey Jr.
Pour qui l'on créera un prix taillé sur mesure; celui du Meilleur Cabotin (mais que quand il cabotine, eh ben, ça sert le film).
Alors qu'est-ce qu'on dit?
On dit "wispekt, Big Bob, wispekt!"
5. "Chronique des Morts-Vivants" (Diary of the Dead) de George A. Romero (USA).
Comment "il sait faire que ça"?
Eh bien qu'on m'amène seulement le premier qui le fait aussi bien que lui!
Et en parlant de ça, les deux comiques espingouins peuvent toujours venir chanter qu'ils avaient eu l'idée du faux reportage avou des zombies avant lui, ils ont quand même encore de solides leçons à prendre.
Non mais!
6. "Blindness" de Fernando Mereilles (USA).
La très belle - et très fidèle - adaptation du tout aussi beau roman du Prix Nobel portugais, José Saramago.
Visuellement magnifique mais aussi - mine de rien - très, très dur...
En plus d'une réflexion sur la société actuelle et ses dérives, un vrai drame, un vrai mélo et surtout un vrai film d'horreur.
C'est bien simple, la dernière partie, on dirait presque du Romero!
Ah oui: et Julianne Moore arrache tout!
7. "Doomsday" de Neil Marshall (UK).
Oui, oui... "Doomsday"!
Et je vous emmerde!
8. "13 Beloved" de Chukiat Sakveerakul (TH).
Corbeau d'Or (Grand Prix) lors du dernier Bifff, justement: une comédie fantastique déjantée, politiquement pas très correcte, un peu crade et au scénario à la fois cruel et rigolo.
Le tout bien servi par une réalisation vraiment dynamique et un acteur principal pas mal inspiré...
Dommage que, contrairement à "The Mist", la fin - complètement branque - vienne un peu gâcher la fête.
Mais allez, c'est vraiment pour dire...
9. "Sweeney Todd" de Tim Burton (USA).
Dommage, trois fois dommage, le côté un peu mollasson de l'intrigue.
Et surtout, duraille, vraiment duraille, que ce soit un musical... musicalement pas très inspiré...
Parce que sinon, le retour aux affaires de Tim Burton, avec un conte gothique et gore, sombre et tragique, à la réalisation hors pair et à la direction artistique ultra lèchée avait tout pour réjouir les aficionados, après trop de temps passé à pioncer devant de mièvres contes pour chiards et autres remakes inutiles.
D'autant plus dommage qu'en plus c'est sans doute l'uns des meilleurs rôles récents du pourtant rarement à chier Johnny Depp.
Mais rien que parce qu'on entrevoit ici la possibilité d'une résurrection... Ca mérite d'être encouragé!
10. Et comme l'année dernière, y a pas de 10.
Mais que l'on ne s'inquiète pas pour autant, à l'image d'un Bifff 2008 beaucoup plus emballant - à tous points de vue - que son sinistre prédécesseur, le genre remonte la pente!
Allez, espérons que ça se confirme en 2009...
mercredi 17 décembre 2008
Snobs.
"Musée Haut, Musée Bas" de Jean-Michel Ribes (F); avec Michel Blanc, Josiane Balasko, Gérard Jugnot, Isabelle Carré, Pierre Arditi, Victoria Abril...
Entre un conservateur terrorisé par la nature, une mère plastifiée pour devenir une oeuvre d'art, la recherche du parking "Rembrandt", une expo sur les mammouths, un ballet de Vierges ou le vernissage d'une expo de pénis en présence du Ministre de la Culture, la vie quotidienne d'un grand musée parisien, de ses salles d'exposition jusqu'à ses sous-sols, vue par ceux qui le visitent, ceux qui le gèrent, ceux qui y travaillent...
Il y a plusieurs choses qui clochent avec le nouveau film de Jean-Michel Ribes...
La première c'est qu'il trahit beaucoup trop son origine théatrale.
Ce qui donne pas mal de scènes soit par trop figées, soit par trop ampoulées, qui manquent à la fois de ce qu'il faut pour être suffisamment crédibles, voire réalistes et du minimum de folie supplémentaire qui les ferait basculer du côté franchement surréaliste, non-sensique de la barrière.
C'est particulièrement vrai en ce qui concerne les répliques, écrites pour la scène et qui ont souvent un mal fou à passer à l'écran.
Quand à l'absurde - qui est érigé ici en méthode - comme souvent dans le cinéma hexagonal, il tombe généralement à plat.
N'est pas les Monty Python qui veut, que voulez-vous...
La seconde - et c'est la plus gênante, forcément - c'est le snobisme et le parisianisme crasse avec lesquels tout cela est traité.
Le film se voudrait tendre et sympathique envers ses personnages, il arrive juste à être bêtement condescendant.
Certes, personne ne trouve vraiment grâce aux yeux des auteurs, ce qui pourrait passer pour un salutaire mauvais esprit.
Mais la charge tient le plus souvent du sarcasme voire du mépris, ce qui déforce singulièrement son propos.
C'est particulièrement vrai dans le segment concernant les provinciaux qui ne jurent que par les impressionnistes, par exemple...
Comme en plus, les subtiles métaphores (le musée qui prend l'eau, ce genre de choses) ne sont finalement que lourdeurs et gros sabots...
En fin de compte, Ribes passe à côté de son film et ne réussit qu'un poussif assemblage de saynètes vraiment très inégales et traversées par de trop rares fulgurances.
Pour quelques rares scènes réussies (Prévost et son parking, Luchini et les mammouths...), beaucoup trop d'autres sont loupées et dans les grandes largeurs encore (Balasko et son fils, les deux personnages "oeuvres d'art", l'expo de l'artiste conceptuel belge, le calvaire du Christ et j'en passe...).
Et la mise en scène n'arrange rien.
Pas plus que la débauche d'effets numériques, d'ailleurs.
Evidemment, il reste les acteurs.
Mais comme souvent dans ce genre d'entreprise, l'excellence du casting est là pour cacher l'indigence du propos et qui plus est, de par son côté défilé, nous détourne de l'essentiel à savoir le film lui-même.
On en est à guetter leurs apparitions, qui se transforment du coup plus en gadget qu'autre chose...
Et comme, forcément, eux aussi sont inégaux...
On l'aura compris, au final on se verra donc obligé d'écrire que si le film de Ribes contient quelques morceaux de bravoure il est constitué malheureusement de bien plus de bas que de hauts...
C'est tout.
Cote: *
dimanche 14 décembre 2008
Au troisième top on sera en 2009 (I).
Jingle bells, jingle bells, jingle all the way...
C'est de nouveau la saison des bilans, des tops et autres bestoffs!
Et, comme c'est désormais la coutume, on commence en fanfare avec le Fabuleux Flop 5!
Par ordre d'entrée en scène, voici donc les plus consternants navets vus en salle (eh oui!) cette année:
1. "La Momie 3"; de Rob Cohen (USA).
La Tombe de l'Empereur Con-con.
Je n'ai toujours pas décidé si je devais rire ou pleurer au souvenir (douloureux) de cette imparable bouse...
Ce qui est sur en tout cas c'est que la chose (y a pas d'autre mot) remporte haut la main, n'ayons pas peur; le Ed Wood d'Or, le Max Pécas en Chocolat, le Charles Band de Titane, le Golden Chicon certifié Mage Bon-Rêve avec diplôme encadré pleine peau de l'Université de Huy-Waremme du Nanard de l'Année, voire du siècle.
Ah non, c'est vrai, il reste "Troll 2".
Ouais, mais franchement, à part ça...
2. "Phénomènes"; de M. Night Shyamalan (USA).
Comment a-t-il pu en arriver là?
Avec son défilé de personnages mongoloïdes, son scénar que t'y crois pas, son sous-texte digne d'un épisode de "La Petite Maison dans la Prairie" (celui ou Laura retrouve son missel qui avait été volé par Nelly), ses rebondissements tout droit sortis d'un vieux Scooby-Doo et ses acteurs à côté desquels Smaïn passerait fastoche pour Daniel Day-Lewis, "The Happening" (y a de ça, oui) enfonce le clou - après le pourtant déjà pitoyable "La Jeune Fille de l'Eau" - quant à l'apparente et visiblement inéluctable dériliction de la carrière de son "auteur".
Pour lequel il est quand même plus que temps de se ressaisir, bon sang de bon suaire!
3. "L'Orphelinat"; de Juan-Antonio Bayona (S).
Même pas peur, même pas mal, même pas envie de paëlla!
Mais franchement, FRANCHEMENT, que peuvent donc bien trouver les gens - spectateurs, critiques, jurés de festivals - à cette sombre merde? Aucune originalité, un développement plan-plan à mourir, pas de suspense, des rebondissements ultra-téléphonés (ou alors faut jamais avoir vu le moindre film de fantômes ni le moindre film à twist de toute sa vie), des personnages dont on se contrefout, des acteurs qui cachetonnent (Geraldine Chaplin, misère!), de la psychologie de bazar (d'où un sous-texte de carnaval)... le tout mené à un rythme de sénateur (j'ai failli m'endormir. Vraiment!)...
Au total, un truc qui, en dehors d'un ou deux effets faciles destinés à faire sursauter et rien d'autre, m'a fait aussi peur que la lecture de "Oui-oui et le Korrigan" (je devrais pas dire ça, j'ai chié ma mère quand je l'ai lu, étant petit).
Le renouveau du cinéma espagnol? Il doit être coincé à la frontière, oui...
4. "Cortex"; de Nicolas Boukhrief (F).
Bien entendu, il y a André Dussollier: magistral!
Evidemment, il y a quand même quelques bonnes idées de mise en scène.
Et puis il y a la maladie. Alzheimer en personnage principal, qui force tout le film à prendre son rythme.
Mais bon, c'est loupé.
C'est mou, c'est terne, c'est poussérieux et surtout ça n'aboutit nulle part, si ce n'est à l'une des résolutions les plus foireuses et ridicules de 2008.
Et rien que parce qu'il a réussi à passer complètement à côté de son film alors qu'il avait toutes les cartes en main pour le réussir, Boukhrief et son "Cortex" méritent de figurer ici.
C'est moche mais c'est comme ça.
5. De manière générale, tous les remakes "américains" (parce qu'en plus ils sont généralement ralisé par des français ou des japonais) de films fantastiques asiatiques. "The Eye", "Shutter", ce genre de choses... On en a encore eu une plâtrée lors du dernier Bifff.
Relectures aseptisées, sans vie, pour tout dire chiantes et surtout particulièrement basses de plafond - vu le public - de films généralements honorables, voire intéressants, dans lesquelles en plus pas mal de gens (Palud et Moreau, par exemple) viennent gâcher leur talent.
Il faut que ça s'arrête sérieux!
IL FAUT QUE CA CESSE!
Bon allez, du calme... Fini, ici. Et à bientôt pour la suite.
Plat de résistance.
"Mesrine: L'Ennemi Public N°1" de Jean-François Richet (F); avec Vincent Cassel, Ludivine Sagnier, Gérard Lanvin, Mathieu Amalric, Olivier Gourmet, Samuel Le Bihan...
Deuxième partie de l'incroyable parcours de Jacques Mesrine - à qui ses casses et autres actions criminelles spectaculaires valurent d'être surnommé l' Ennemi Public N°1 par les médias - de son retour du Canada à sa mort, Porte de Clichy, le 2 novembre 1979.
C'est dingue comme on peut avoir l'impression, à la vision de cette deuxième partie, que tout le premier film n'était finalement qu'un prétexte.
Un magnifique prétexte, certes, qui se suffirait bien à lui-même, tenez, ne serait-ce cet "Ennemi Public", justement. Tellement maitrisé, lui, qu'il le ferait presque oublier.
Une première partie qui n'aurait été là, en fait, que pour annoncer celle-ci.
Pour installer les personnages, placer l'ambiance, lancer l'histoire, jusqu'à aboutir à ceci: un deuxième volet beaucoup plus vif et spectaculaire, plein à craquer de scènes que l'on pourrait presque qualifier d'anthologiques (enfin, laissons le temps au temps), "tenu" à merveille par son réalisateur et gonflé par un scénario à l'écriture merveilleusement ambigue.
Cette ambiguïté qui, à mon sens, fait beaucoup pour la qualité de l'ensemble.
Le tout, et là aussi encore plus que dans le premier opus, porté par un Vincent Cassel hors norme, aidé qui plus est par quelques beaux face-à-face avec des partenaires de très haut niveau, aux personnages beaucoup plus écrit que dans "L'Instinct de Mort" (heureusement d'ailleurs, sinon je me ferais encore reprendre pour avoir laissé sous-entendre qu'ils n'existaient pas vraiment. Comprenne qui pourra).
En effet, les compositions massives - dans le sens noble du terme, c'est à dire "à l'ancienne" - et pourtant subtiles de comédiens d'exception tels qu'Olivier Gourmet, Mathieu Amalric ou Ludivine Sagnier (et à l'exception notable de Lanvin, abominable et totalement ridicule dans le rôle de Charlie Bauer, qu'il joue "avé l'accent" et les mimiques comme si on était dans un vieux Fernandel) sont comme autant de "cannes" sur lesquelles Cassel peut appuyer son jeu.
Ce dont il ne se prive évidemment pas, en tirant le meilleur effet.
Comme, de surcroit, le film lui ménage quelques belles occasions de briller dans un registre peut-être un peu moins physique (c'est extrèmement relatif),et relevant plus de la comédie pure - parfois au sens littéral du terme comme dans cette très drôle scène de procès - il n'en est encore que plus impressionnant.
D'autant que ces scènes sont servies par des dialogues qui claquent, lesquels achèvent de donner au film cette patte "vintage" qui fait aussi son charme...
Pour le reste, ce deuxième "Mesrine" évolue dans les mêmes eaux troubles que son prédécesseur, avec des scènes d'une violence peu commune, comme celle de l'enlèvement du journaliste de "Minute", qui continuent à dresser du malfrat un portrait à la fois sombre et lumineux, balançant sans cesse entre le personnage "public" - hableur et charismatique, sabrant le champagne avec les policiers venus l'arrêter ou risquant sa liberté pour rendre visite à son père mourant - et le quasi psychopathe, mégalo et violent, pour qui la vie ne semble parfois pas avoir d'importance.
C'est la force et le souffle de ce portrait-là, ainsi que la construction et le découpage ultra-dynamique, toujours vers l'avant, qui donnent au dyptique sur Mesrine son implacable intensité.
Jusqu'à ce qu'il s'achève sur un coda aussi bouleversant que bizarrement christique (y a qu'à voir l'affiche, on dirait celle de "La Passion du Christ" de Gibson), finalement bien à l'image du film dans son ensemble...
Puissant et délicieusement ambigu.
Cote: ****
lundi 8 décembre 2008
"In Ireland they put you away in the Maze..."
"Hunger" de Steve McQueen (UK); avec Michael Fassbender, Liam Cunningham, Stuart Graham, Liam MacMahon, Davey Gillen, Lalor Roddy...
Prison du Maze, 1981. Ne voulant pas être considérés comme des prisonniers de droit commun et porter l'uniforme carcéral, les militants de l'IRA ont entamé la "Blanket and No-Wash Protest", vivant nus, refusant de se laver, de se raser, de se couper les cheveux et partageant des cellules répugnantes, au murs maculés de leur propre merde. Lorsque la direction leur propose des vêtements civils, une émeute éclate. C'est alors que leur leader, Bobby Sands, fait part à l'aumonier de la prison de son intention de mener une grève de la faim au finish afin d'obtenir pour ses camarades le statut de prisonniers politiques.
Attention, âmes sensibles s'abstenir!
Dans la lignée du "Bloody Sunday" de Paul Greengrass mais poussant encore plus loin sa logique à la limite du documentaire, "Hunger" est un film-choc!
Un vrai.
Un de ceux qui font vraiment mal.
Une oeuvre frontale et jusqu'au-boutiste qui prend littéralement aux tripes.
Usant d'un sens achevé de l'image, du rythme et du découpage, le plasticien Steve McQueen - qui réussit avec ce premier film un impressionant et très réussi changement de discipline - signe un grand film politique, un drâme bouleversant et - par delà - une oeuvre proche à la fois du cinéma d'art et d'essai, du film militant et du film d'horreur pure.
Brutal, radical et en même temps visuellement splendide, presque élégiaque, "Hunger" est l'un de ces films dont il est difficile, impossible même, de sortir intact.
Avançant de manière extrèmement subtile grâce à une construction éclatée qui alterne courts passage brutaux, presque hystériques, et longs plans séquences permettant de rendre palpables la peur ou le désespoir de ses protagonistes, le film de McQueen est aussi, grâce à son scénario incisif et à la grâce de son évolution finale, une oeuvre d'une grande pudeur - malgré tout ce qu'il montre - et d'une grande dignité.
Ne chargeant jamais inutilement - en dehors du gouvernement Thatcher, bien entendu, les personnages ou même les institutions qu'il décrit.
Que ce soient les gardiens (splendide scène d'ouverture sur l'un d'eux baignant ses poings meurtris), les militants, leurs familles, les policiers (le jeune "CRS" littéralement malade lors de la très impressionnante scène de la fouille)...
Et c'est aussi de cette humanité, palpable, de cette compassion presque, que surgit la grande force du film.
Le reste étant affaire d'art et donc de parti pris.
En bon styliste qu'il est, certainement pas manchot avec une caméra, McQueen ménage ses effets et signe une oeuvre d'une beauté formelle évidente tout en osant aller au bout de ses idées, comme le prouve ce plan-séquence de 17 minutes uniquement constitué d'un dialogue entre Bobby Sands et un prètre, d'autant plus impressionnant que le reste du film est presque muet, ou en tout cas très avare en dialogue...
Et au sommet de cette merveille de cinéma; ce que l'on aurait presque envie de qualifier de "cerise sur le gâteau" si l'expression ne prenait pas ici l'aspect d'un mauvais jeu de mots: l'interprétation hors norme du comédien anglo-allemand Michael Fassbender, amaigri de manière vraiment très inquiétante, qui livre ici un portrait de Sands fiévreux et passionné.
Fiévreux et passionné, tout comme le reste du film, oui.
Assurément l'une des réussites les plus évidentes de cette fin d'année.
De cette année?
De ces dix dernières années!
Cote: ****
Forrest J. Ackerman: 1916-2008.
Voila évidemment un nom qui ne doit pas dire grand'chose à la plupart des gens.
Et pourtant...
L'influence de Forrest J. Ackerman sur la littérature et le cinéma fantastique ou de S.F. est - était ! - considérable.
Il fût le premier a éditer une revue ("Famous Monsters of Filmland") entièrement consacrée à ces "sous-genres".
Revue qui allait par la suite décider directement ou indirectement de la carrière de certains de ses lecteurs assidus.
Danny Elfman, Stephen King, Tim Burton, George Lucas, Rick Baker, Peter Jackson... ils sont nombreux à se réclamer de l'héritage de celui qui peut être considéré aussi comme l'un des tous premiers geeks.
Collectionneur infatigable, créateur d'un musée consacré au cinéma de genre, auteur de nouvelles, créateur du personnage de Vampirella, crédité comme étant l'inventeur même du terme "sci-fi", Ackerman ne faisait pas partie de la légende. Quelque part, il était la légende.
Il est mort vendredi dernier à l'âge de 92 ans.