lundi 11 juin 2012
De sable, de brume et de sang.
"De Rouille et d'Os" de Jacques Audiard (F); avec Marion Cotillard; Matthias Schoenaerts, Céline Sallette, Bouli Lanners, Corinne Masiero, Armand Verdure...
Ali vient du Nord. De Belgique, peut-être. Sans emploi, sans amis, sans attaches, il s'est retrouvé avec sur les bras son fils de 5 ans qu'il connait à peine. Alors il est descendu vers le Sud, le soleil et Antibes. Pour retrouver sa soeur qui va l'aider et l'héberger. Devenu videur dans une boîte de nuit, il rencontre Stéphanie au cours d'une bagarre. Il la reconduit chez elle, ils échangent leurs numéros de téléphone. Elle est dresseuse d'orques au Marineland local. Suite à un accident, elle va se retrouver amputée des deux jambes. Et renouer contact avec lui. Sans pitié, sans compassion, il va l'aider. Et peu à peu, elle va renaître.
Minéral bien que solaire, voilà la première chose qui vient à l'esprit à la vision de ce mélodrame trash de Jacques Audiard, à placer très haut dans la filmographie d'un réalisateur pourtant peu avare de grandes réussites, voire de chefs-d'oeuvre.
Pour donner une idée, le pourtant excellentissime bien qu'à mon sens légérement suréstimé "De battre mon coeur s'est arrêté" est sans doute ce qui se rapproche le plus d'une légère baisse de régime dans sa carrière.
Faut pas demander ?
Non, faut pas demander...
Et celui-ci, dans la lignée (bien qu'en même temps très, très différent) de "Un Prophète", à ce jour LE vrai chef-d'oeuvre d'Audiard, tutoie les sommets.
D'une manière telle qu'on se demande un moment si il ne va pas les dépasser.
Tout ici est en effet à ce point maîtrisé, à ce point tenu et en même temps à ce point bourré jusqu'à la gueule d'émotions, de sensations, de choses en "on" qu'on à l'impression (hop !) qu'à tout moment ça va déborder, craquer, péter ses coutures et nous exploser à la gueule.
Et pourtant non (oui, bon, là, j'arrête).
Intense et finalement très simple, "De Rouille et d'Os" est servi - une fois de plus serait-on tenté de dire - par une impressionnante maîtrise du récit et une simplicité de traitement qui nous livre au bout du compte une histoire d'amour à la fois douce et rugueuse, libérée de ses scories car rognée jusqu'à l'os (oui, bon, c'est fini les jeux de mots, aussi ?).
D'un romanesque à la limite du tragique.
La réalisation n'a pas peur d'être ample, avec son montage au scalpel (la scène de l'accident avec les orques) et son travail unique sur la lumière et le son.
Et elle finit de sublimer une histoire qui, certes, n'échappe pas à certains raccourcis et à certains effets attendus, mais qui, émaillée qu'elle est de moments d'intense violence et de purs instants de grâce, tire le film vers le haut.
Vers une lumière vive. Très vive.
Une lumière dont on sort chaviré et la boule au ventre.
Mais tout celà encore ne serait rien, évidemment !, sans les deux acteurs principaux.
Qui arrivent à rendre crédible et belle cette histoire d'amour parfois pourtant à la limite du vraisemblable.
Marion Cotillard est impressionnante de grâce et d'émotion.
Et Matthias Schoenaerts confirme toute l'intensité dont on l'imaginait capable depuis l'impressionnant "Rundskop".
A eux deux ils achèvent de rendre "De Rouille et d'Os" à la fois lyrique et sauvagement borderline.
Et lui permettent presque de tutoyer l'indicible.
Cote: ****
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