lundi 25 juin 2012


Dans l'espace, personne ne vous entend gamberger...

"Prometheus" de Ridley Scott (USA); avec Noomi Rapace, Michael Fassbender, Charlize Theron, Guy Pearce, Kate Dickie, Idris Elba...

Un groupe d'explorateurs et de scientifiques découvre une série d'indices sur l'origine de l'humanité sur Terre. Ceux-ci conduisent la multinationale Weyland (pas encore Yutani) à financer une expédition spatiale qui va les conduire jusqu'aux recoins les plus sombres de l'univers. Où un combat terrifiant les attend. Qui décidera peut-être de l'avenir de la race humaine.

Ridley Scott - pardon: Sir Ridley ! - est un petit filou !

Des mois maintenant qu'il joue avec nos nerfs en prétendant que "Prometheus" n'est pas une préquelle de la saga "Alien".
Que c'est tout à fait autre chose, contentant de l'ADN issu de la série d'origine mais nous entraînant vers un autre univers, une autre mythologie.
Que certains éléments d'origines seront bien présent (dont les célèbres "Space Jockeys" qui sont en effet - bien que rebaptisés "Ingénieurs - au centre de ce nouvel opus, à la base de cette nouvelle épopée - parce que ne vous inquiétez pas, ça laisse suffisamment de questions sans réponses et la fin est suffisamment ouverte pour que, box-office plutôt positif aidant, on se laisse aller à croire que des suites vont fleurir, et vite encore).

Que ceci... Que celà...

Que les xénomorphes, tralala... Les face-huggers et les chestbusters oui, mais les xénomorphes... mmmh...

Bref !

Ce qui est sûr en tout cas c'est que préquelle ou pas, Ridley Scott est enfin de retour et qu'il renoue avec un bonheur communicatif avec la verve de ces premières oeuvres...
"Alien", bien entendu, mais aussi "Blade Runner", dont les concepts et les univers visuels - le réal signe aussi ici l'un de ses films les plus plastiquements élégants et visuellements maîtrisés - fusionnent pour donner une sorte de trip viscéral mêlant science-fiction, horreur et thriller métaphysique.

Certes, c'est parfois un peu léger d'un point de vue narratif.
Mais les "trous" volontairement laissés dans l'histoire, les questions posées, les réponses données - ou non - enrobent le tout d'une aura de mystère qui donne à l'ensemble une dimension presque mythologique.
Qui laisse entrevoir les prémices d'une nouvelle aventure qui, tout en nous donnant peut-être les clefs permettant une nouvelle lecture de la quadrilogie précédente, va nous emmener, c'est sûr, plus loin.

Beaucoup plus loin.

Vers l'infini et au-delà !

Et puis, le spectacle en lui-même; direction artistique, effets spéciaux... vaut quand même sacrément le coup d'oeil.

Ainsi que la distibution, impeccablement choisie.

Bien que...

Bien que Noomi Rapace fasse son job en succédané de Sigourney "Ripley" Weaver, ce sont surtout les décidémment incontournables Michael Fassbender et Charlize Theron qui, à la lisière entre froideur et humanité, emportent le morceau.

Allez, donc ! Un premier épisode plus que prometteur, en fin de compte.

Qui fait plaisir à voir et qui donne furieusement envie d'attendre la suite (comment ? pourquoi ?), en tout cas.

Et puis, pour ce qui est des xénomorphes, eh bien...


***end transmission***


Cote: ****

mercredi 20 juin 2012

Heroes and Icons...


(Roman Polanski - b. 1933)

Mais dites-moi pas que c'est pas vrai !?!?!

Affiche "francophone" du dernier Ken Loach (Prix Spécial du Jury à Cannes), "La Part des Anges", qui sort mercredi prochain et qui a l'air très très bien.

Comédie sociale sur fond de production de WHISKY (Achtung ! Kolossale rikolate !): je ne sais pas si c'est très lisible mais dans l'espèce de macaron dans le coin supérieur droit il est écrit: "NO RULES, GREAT LOACH !".

Je crois qu'après ça on peut crever.

Grand succès ! Grand succès !

"The Dictator" de Larry Charles (USA); avec Sacha Baron Cohen, Anna Faris, Ben Kingsley, Megan Fox, John C. Reilly, Kevin Corrigan...

Le Général Amiral Aladeen dirige d'une main de fer la petite république de Wadiya, dont les ressources pétrolières sont jalousées par certains et les vélléités d'expension nucléaires craintes par d'aucuns. Isolé mais riche, le  pays, dirigé d'une main de fer par son Bien Aimé Dictateur depuis son accession au Pouvoir Suprème, reste sourd aux injonctions de l'O.N.U. Mais après l'assassinat d'un ultime sosie présidentiel, Tamir, l'oncle et éminence grise d'Aladeen, persuade ce dernier de se rendre à New-York afin de poser un geste d'apaisement envers les Nations Unies...

Donc alors bon... Ce type est fou !

On s'en doutait, maintenant c'est clair: ce dernier truc achève d'enfoncer le clou.

Bon, oui, il s'essoufle.
Et après "Ali G.", "Borat" et "Bruno", ce "Dictateur" manque sans doute un peu de panache.
Et certainement de renouvellement.

Ca manque de vision et de pure audace.

"Borat" - qui restera sans doute à jamais le mètre-étalon de la comédie "à la" Sacha Baron Cohen dans tout ce qu'elle peut avoir de monstrueux et de sans limite - prenait vraiment des risques, tout en renvoyant aux Zitazunis une piètre image d'eux-memes (souvenons-nous de la scène du rodéo).

Ici, débarrassé de la dimension "caméra cachée" ou "mockumentary", s'aventurant sur le terrain de la pure fiction, le film perd un peu de mordant, avec une intrigue convenue (mais drole) et une réalisation plan-plan (Larry Charles est un piètre faiseur entièrement au service de la vista cohenienne, ce n'est un secret pour personne).

C'est sur, c'est sur.

Maaaaaaaaaaaaaaaaaiiiiiiiiiiiiiiiis...

Malgré tout...

Malgré tout ça reste globalement à se pisser dessus de rire et ça, c'est le principal !

C'est absolument hénaurme quasiment tout le temps, tant au niveau des situations que des gags ou des dialogues, ça reste d'un politiquement incorrect qui défie les lois de la physique (voir de la gravité) et ça tire dans tous les sens, en n'épargnant personne.

Les femmes, les juifs, les homos, les arabes, les handicapés, les religions, les asiatiques, les bobos, les blacks, les enfants... tout le monde ramasse et sévèrement, au détour de scènes parfois purement anthologiques (l'hélicoptère, l'accouchement...). C'est souvent con, c'est sur, mais plus c'est con, plus c'est bon.

D'autant que le mouvement "indigné" global est bien dans la ligne de mire (et que donc: mouarf !).

Et meme si, comme souvent chez SBC, ça peut paraitre de prime abord un brin raciste, ça inverse suffisamment les compteurs sur la fin pour qu'on en sorte certainement pas plus malin mais au moins réjoui.

Parce que riiiiiiiire, qu'on a fait !

Mais riiiiiiiiiiiiire !!!!!!!!!!!


Cote: ***


lundi 11 juin 2012


De sable, de brume et de sang.

"De Rouille et d'Os" de Jacques Audiard (F); avec Marion Cotillard; Matthias Schoenaerts, Céline Sallette, Bouli Lanners, Corinne Masiero, Armand Verdure...


Ali vient du Nord. De Belgique, peut-être. Sans emploi, sans amis, sans attaches, il s'est retrouvé avec sur les bras son fils de 5 ans qu'il connait à peine. Alors il est descendu vers le Sud, le soleil et Antibes. Pour retrouver sa soeur qui va l'aider et l'héberger. Devenu videur dans une boîte de nuit, il rencontre Stéphanie au cours d'une bagarre. Il la reconduit chez elle, ils échangent leurs numéros de téléphone. Elle est dresseuse d'orques au Marineland local. Suite à un accident, elle va se retrouver amputée des deux jambes. Et renouer contact avec lui. Sans pitié, sans compassion, il va l'aider. Et peu à peu, elle va renaître.

Minéral bien que solaire, voilà la première chose qui vient à l'esprit à la vision de ce mélodrame trash de Jacques Audiard, à placer très haut dans la filmographie d'un réalisateur pourtant peu avare de grandes réussites, voire de chefs-d'oeuvre.

Pour donner une idée, le pourtant excellentissime bien qu'à mon sens légérement suréstimé "De battre mon coeur s'est arrêté" est sans doute ce qui se rapproche le plus d'une légère baisse de régime dans sa carrière.
Faut pas demander ?
Non, faut pas demander...

Et celui-ci, dans la lignée (bien qu'en même temps très, très différent) de "Un Prophète", à ce jour LE vrai chef-d'oeuvre d'Audiard, tutoie les sommets.
D'une manière telle qu'on se demande un moment si il ne va pas les dépasser.

Tout ici est en effet à ce point maîtrisé, à ce point tenu et en même temps à ce point bourré jusqu'à la gueule d'émotions, de sensations, de choses en "on" qu'on à l'impression (hop !) qu'à tout moment ça va déborder, craquer, péter ses coutures et nous exploser à la gueule.

Et pourtant non (oui, bon, là, j'arrête).

Intense et finalement très simple, "De Rouille et d'Os" est servi - une fois de plus serait-on tenté de dire - par une impressionnante maîtrise du récit et une simplicité de traitement qui nous livre au bout du compte une histoire d'amour à la fois douce et rugueuse, libérée de ses scories car rognée jusqu'à l'os (oui, bon, c'est fini les jeux de mots, aussi ?).

D'un romanesque à la limite du tragique.

La réalisation n'a pas peur d'être ample, avec son montage au scalpel (la scène de l'accident avec les orques) et son travail unique sur la lumière et le son.
Et elle finit de sublimer une histoire qui, certes, n'échappe pas à certains raccourcis et à certains effets attendus, mais qui, émaillée qu'elle est de moments d'intense violence et de purs instants de grâce, tire le film vers le haut.

Vers une lumière vive. Très vive.

Une lumière dont on sort chaviré et la boule au ventre.

Mais tout celà encore ne serait rien, évidemment !, sans les deux acteurs principaux.

Qui arrivent à rendre crédible et belle cette histoire d'amour parfois pourtant à la limite du vraisemblable.

Marion Cotillard est impressionnante de grâce et d'émotion.
Et Matthias Schoenaerts confirme toute l'intensité dont on l'imaginait capable depuis l'impressionnant "Rundskop".

A eux deux ils achèvent de rendre "De Rouille et d'Os" à la fois lyrique et sauvagement borderline.


Et lui permettent presque de tutoyer l'indicible.


Cote: ****

lundi 4 juin 2012


La Brigade du Slip.

"Avengers" (The Avengers) de Joss Whedon (USA); avec Robert Downey Jr., Scarlett Johansson, Mark Ruffalo, Gwyneth Paltrow, Samuel L. Jackson, Chris Evans...

Nick Fury, directeur du S.H.I.E.L.D., cherche à former une équipe de choc chargée de veiller sur la paix mondiale. Pour se faire, il rassemble Iron Man, Hulk, Captain America, Hawkeye, Thor et Black Widow. Le problème c'est que ceux-ci vont avant tout devoir apprendre à travailler ensemble. Ce qui n'est pas gagné, vu que le méchant Loki a eu accès au Cube Cosmique. Et qu'il compte bien s'en servir pour dominer le monde, avec la complicité d'une redoutable race extraterrestre.

Oui, ça fait de nouveau longtemps que je n'ai rien écrit mais bon, j'étais malaaaaaaaaat' (et je le suis d'ailleurs toujours un peu).

D'où exit le traditionnel "Pendant ce temps-là sur la Croisette".
On n'a plus le temps et puis le palmarès c'était déjà il y a plus d'une semaine.

Alors, hein, bon, on est contents pour Haneke qui rentre dans le club très fermé des bi-palmés (avec un film qui a l'air vraiment, vraiment bien et très émouvant, en plus), on est étonnés que le couple Trintougni - Riva, pourtant ultra favori et considéré comme partie prenante de la réussite du film, reparte bredouille (bien que le Prix d'Interprétation Masculine à Mads Mikkelsen ça a de la gueule aussi, c'est vrai) et on est curieux de voir à quoi peut bien ressembler "La Part des Anges", comédie sociale de cette vieille baderne de Ken Loach sur fond de fabrication de whisky.

Sinon, bon, "Holy Motors" de Léos Carax, dont la bande-annonce donne furieusement envie, est lui aussi reparti avec la bite derrière l'oreille alors que la critique unanime le voyait Palme d'Or. Et l'inattendu "Reality" de Matteo Garrone fait un surprenant Grand Prix.
Sauf quand on sait que c'est un protégé du Président Moretti.

Baste. Voilà donc pour les péripéties cannoises 2012 qui m'ont donc permis(e ?) de gagner quelques lignes et un peu de temps.

Parce qu'enfin, que dire d' "Avengers", à part ça ?

Pas grand chose, voire que dalle, il faut bien l'avouer.

La rencontre tant attendue entre les principaux personnages de l'écurie Marvel, bien que ne répondant pas à une pure et cynique logique commerciale (quoi que) mais étant adaptée d'une BD originale datant d'il y a une cinquantaine d'années accouche globalement d'une souris.

Certes, c'est un bon gros pop-corn movie des familles, un blockbuster gonflé jusqu'à la garde de testostérone et gorgé d'effets spéciaux et de scènes d'action tonitruantes.

Mais bon, ni plus ni moins qu'un autre...

Le cahier des charges est gentiment rempli, avec comme points positifs que - à  l'instar du "Star Trek" de J.J. Abrams  - et la comparaison vaut ce qu'elle vaut - chaque personnage à droit à son petit développement et à son petit morceau de bravoure.
Personne n'est laissé en bord de route et c'est plutôt agréable, même si, comme souvent pour les films de super-héros, celà contribue à rallonger inutilement la sauce.

Certains, comme la Veuve Noire, voient même leur personnage agréablement développé. C'est bien.

Le problème, justement, c'est la différence d'écriture et d'interprétation de ces différents protagonistes.

Si Robert Downey Jr./Iron Man/Tony Stark se taille comme d'hab' la part du lion (et quelques belles répliques définitives), Thor et sa permanente crétine ou surtout le monolithique Captain America (vous me direz "quel personnage à la con", déjà) sont à ce point risibles et pathétiques que, pour paraphraser un camarade, on a juste envie de leur faire caca dans la bouche.

Pour le reste, la grande réussite de ce film à part ça confus et embrouillé se situe dans le - très long - final.

Le combat entre toutes la bande (j'oubliais de parler de l'inénarrable Hulk et de ses sempiternels pantalons extensibles) et les vilains extraterrestres bouh bouh méchants pas beaux.
Rarement un affrontement final, grand point faible des films de ce genre en général, (cfr. la pitoyable fin d' "Iron Man 2", par exemple) aura été à ce point badaboum et enthousiasmant.
Rien que ça, à la limite, ça sauve le truc.

Dommage, juste dommage que le reste soit à ce point bavard, ampoulé et pompeux, donnant par moment franchement envie de piquer du nez.

Et dommage aussi qu'avec son costume à mi-chemin entre le bouquetin mutant et le Chevalier du Zodiaque cheap, le pleurnichard Loki n'arrive qu'à nous camper le Super Vilain probablement le plus tartignole de l'histoire du film de couillons en collants moules-boules.

Enfin, avec le recul ça fait encore bien rigoler...

Mouais...


Cote: *