lundi 9 janvier 2012


The Talking Cure

"A Dangerous Method" de David Cronenberg (CAN); avec Keira Knightley, Michael Fassbender, Viggo Mortensen, Vincent Cassel, Sarah Gadon, Katharina Palm...

Sabina Spielrein, jeune femme souffrant d'hystérie, est soignée en sa clinique suisse par le docteur Carl Gustav Jung, dont elle devient rapidement la maîtresse. Sigmund Freud, qui considère Jung comme son disciple, ne l'entend pas de cette oreille...

Réjouissez-vous, petits veinards !
Après quatre ans d'absence (depuis "Les Promesses de l'Ombre"), David Cronenberg nous revient cette année avec non pas un mais deux films. Le second, une adaptation de "Cosmopolis" de Don DeLillo (avec l'inénarrable Robert Pattinson dans le rôle principal) devrait débarquer d'ici fin 2012.

C'est qui qui est gâté, mmh ?

En attendant, intéressons-nous d'abord à cette Dangereuse Méthode.

Un film qu'on pourrait, de prime abord, trouver fort éloigné des préoccupations habituelles de Cronenberg - bien que traçant plus ou moins le même sillon "ligne claire" entâmé dans ses précédentes réalisations, à dater plus ou moins de l'excellent "Spider".

Et pourtant !

Et pourtant, si on y regarde de plus près, on retrouve ici les mêmes obsessions, la même fascination pour les mutations, voire la monstruosité. A celà près que ce n'est pas ici la chair humaine qui mute et se transforme mais bien l'esprit qui bouillonne.

Bien servie par un scénario subtil et des dialogues ciselés et empreints d'un humour discret mais omniprésent (du moins dans la première partie du film), de ceux qui - en parfait accord avec le sujet - multiplient les allusions et les non-dits, la réalisation classique mais précise emballe avec un impressionnant sens de la synthèse ce qui aurait pu être un lourd pensum psycho-historique pour en faire une petite fresque passionnante car foisonnante et ludique.

La photo, éthérée et le montage multipliant les heurts et les éllipses contribuent à donner au récit un côté presque onirique qui sied bien à l'ensemble.

Et l'interprétation fait le reste: Keira Knightley culottée dans un premier rôle "mature" qui sera sans doute déterminant pour la suite de sa carrière, Mortensen impressionnant de force dans un rôle pourtant ingrat car plus en retrait, Cassel qui fait plus en deux scènes que certains sur tout un film et surtout Michael Fassbender qui confirme, si l'on en doutait, qu'il est bien l'un des acteurs les plus fascinants de ses dernières années (ce qui tombe bien parce qu'on ne va plus arrêter de le voir dans les mois qui suivent).

Alors bien sûr, "A Dangerous Method" n'évite pas tous les écueils.
Le film est bavard, voire même verbeux, dans sa dernière partie et tombe de ci, de là dans les pièges inhérents au théatre filmé.

Mais c'est quand même et avant tout un grand spectacle intellectuel qui en dit long sur la condition humaine.

Et sans doute sur son réalisateur.


Cote: ***

Aucun commentaire: