Ah ! Ah ! Pas de bras...
"127 heures" (127 hours) de Danny Boyle (USA); avec James Franco, Clémence Poésy, Treat Williams, Kate Mara, Amber Tamblyn, Lizzy Caplan...
Aron Ralston, randonneur et alpiniste expérimenté, se met en route pour une randonnée dans les gorges de l'Utah. Habitué, aguerri, collectionneur des plus beaux sommets et des plus profonds canyons, il se filme mais, sur de lui, n'a prévenu personne. Pourtant, au hasard d'une gorge, il chute. Un rocher dégringole et lui coince le bras. Le voilà loin de toute civilisation, loin de tout passage, incapable de se dégager. Peu d'eau. Pas de nourriture. Comment va-t-il survivre ?
On se le demande.
Enfin non.
Car, comme on sait qu'il s'agit d'une histoire vraie, on devine depuis le début qu'il va s'en sortir.
La question est de savoir comment !
Enfin, non plus.
Parce que, vu la situation, à partir d'un moment, on s'en doute.
Et on s'en tape.
Oui.
Et donc, une fois qu'on a compris, on attend...
Et tout l'intérêt du film est là: savoir comment pendant cette heure et demie Danny Boyle va réussir à passer le temps et à retarder l'inéluctable.
Et là, le film prend l'eau et rapidement des allures d'anti-"Buried"...
Autant l'un faisait beaucoup avec pas grand chose, autant celui-ci multiplie les angles de fuite pour donner l'impression de remplir le temps et l'espace avec des ficelles, de l'artificiel, du clinquant... Du vide.
Et se perd dans les artifices, l'esbrouffe et la poudre aux yeux...
Flashbacks, rêves, hallucinations... Rien ne nous est épargné pour étendre le film à l'infini et se tirer des pattes afin de réussir un long métrage, là où 15 minutes auraient suffi à boucler l'affaire...
Et le problème, c'est que les subterfuges scénaristiques sont doublés d'autant de tour de passe-passe de mise en scène !
Et c'est là, évidemment, que Danny Boyle montre ses limites et devient une véritable caricature de lui-même.
Clipesque, pubesque, sa réalisation toute en effets à deux balles, montage frénétique et photo sursaturée donne le tournis, à défaut de concerner.
Ralentis, accélérés, filtres, travellings hystériques, sans oublier la sempiternelle musique ultra signifiante: tout est là pour vous fournir l'émotion clé en main et vous dire comment réagir - ou plutôt surréagir - au fil d'un film tellemment putassier qu'à côté de ça cette bouse techno-mélo de "Slumdog Millionaire" passerait encore pour un documentaire de Bergman sur une communauté de Jésuites bègues.
Bon, allez, wé: je m'emballe, j'éxagère...
Je l'avoue, je sais...
Mais allez ! ALLEZ !!!!!
Le pire, évidemment c'est que c'est efficace (mais traité comme ça, même une bio de Gabriel Ringlet par les Dardenne rendrait des points à "Tron - L'Héritage"*) et qu'on ne s'ennuie pas.
Vraiment pas.
On prend même vaguement du plaisir, par moment, à ce truc étrangement sado-maso, poppy et bièssement bourrin.
Mais allez, pour en arriver au climax multi-gore-docu médical BBC-Opinel style qui nous attend (on peut aussi et légitimement se demander quelle bizarre complaisance a poussé Danny Boyle à de telles extrémités sanguinolentes), on va pas dire que c'est le Chemin de Croix mais presque, quand même...
Hein ?
D'autant que, pour s'intéresser au destin d'un demi-débile égomaniaque adepte des sports extrèmes qui tombe dans un trou comme un baudet, faut déjà avoir lu les mémoires de l'Ours Benjamin dans le texte et en inuit, non ?
Oui, pour le moins...
Reste que, en dehors de tout celà, des invraisemblances et de la totale abscence d'enjeu, le film, encore une fois, n'est pas tout à fait honteux et présente un spectacle honnête, sur le plan du pur divertissemment bas du front et faussement concerné "écolo-bobo".
Et que James Franco, quasi seul à l'écran pendant tout le bouzin, ne fait pas honte à sa profession.
Loin de là.
Mais bon, de là à dire que c'est bien...
Y a de la marge, hein, les pépères... Y a de la marge !
Cote: *
(* Je n'en suis pas à une comparaison à la con près: non !)
2 commentaires:
je presque gerber sur la fin et pourtant je suis un habitué du gore
Oui, j'ai eu du mal aussi. Faut pas demander...
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