lundi 25 mai 2009



Plus près de toi Mon Dieu?

"Soeur Sourire" de Stijn Coninx (B); avec Cécile de France, Sandrine Blancke, Jan Decleir, Marie Kremer, Johan Leysen, Christelle Cornil...

Ben ouais: l'histoire de Soeur Sourire alias Jeannine Deckers et de son hit mondial, "Dominique". De la jeune femme pleine de doutes à la chanteuse sur le retour en passant par l'improbable case "Nonne Chantante".

"Dominique, nique, nique"...

En tout cas, soyez prévenus, une chose est sûre: mieux vaut apprécier le tube en question avant d'aller voir le film. Ou alors être sérieusement vacciné. Ou sourd et se contenter de lire les sous-titres.
Et encore!

Parce que vous allez l'entendre et pas qu'une fois!
S'il y a bien une rengaine (et c'en est une sévère) que "Soeur Sourire" use jusqu'à la corde c'est bien l'histoire du "Routier pauvre et chantant" ("en tout chemin, en tout lieu, il ne parle que du Bon Dieu", gna gna GNA!)!
Et de toutes les manières en plus: de la version originale à celle - ultra-lente - chantée (comme tout le reste semble-t-il) par Cécile de France herself en générique de fin (celle-ci étant de loin la plus réussie, d'ailleurs) en passant par les versions jazzy, country, en français, en flamand, a cappela, à l'envers, dans le noir ou en faisant le poirier, c'est sûr et certain, ça y va!

Normal, me direz-vous, et le film l'explique bien d'ailleurs, même s'il nous gratifie de certaines autres oeuvres de Luq Dominique (et des gratinées, croyez-moi) c'était après tout son seul tube, celui sur lequel elle a batit toute sa "carrière".
Oui mais bon, quand même, y a des limites, tetcheu!

Mais enfin bon, bref, foin de considérations oiseuses et après cet intermède musical certes justifié revenons à nos moutons: et ce film alors?

Eh bien, relative bonne surprise.
Après la cargaison de biopics poussifs dont nous nous plaignions encore récemment en ces lignes (mais si, souvenez-vous: "Coco avant Chanel"!) en voila donc un de relativement réussi.

Car tout cela reste très relatif, bien entendu.
N'exagérons rien.

Mais bon, en la matière - et même s'il présente, bien que de manière moins affirmée, certains des défauts reprochés à ces prédécésseurs: réalisation académique, tendance à survoler le sujet comme s'il était trop impressionnant - le film de Stijn Coninx (celui de "Daens", oui. Autant dire un fameux revenant) se laisse-t-il au moins voir sans déplaisir.

Et pourquoi donc, me direz-vous?

Eh bien pour quasiment une seule, évidente et surtout bonne, très bonne raison: Cécile de France!

Dans le rôle de la nonnette, visiblement totalement investie par celui-ci, même, mademoiselle de France impressionne.

Et c'est peu de le dire!

Tour à tour émouvante, agaçante, drôlatique, ambigüe, toujours pleine d'un dynamisme sans borne, elle explose carrément les coutures de son personnage et propose une vraie incarnation, un vrai portrait, la faisant vivre devant nous tout en arrivant à transcender les méandres de ce parcours déroutant, tortueux (foi, pas foi, homosexualité, pas homosexualité, succès, plus de succès, ce genre de choses) par ailleurs un peu platement illustré par son réalisateur.

A ses côtés, Sandrine Blancke (celle de "Toto le Héros", oui. Soit un autre sacré cheval de retour), Marie Kremer ou Christelle Cornil ne déméritent pas, non.
Mais elle s'effacent...
A la fois devant le personnage de Soeur Sourire - et son côté à la fois décalé et bizarrement bigger than life - et devant son interprête, tant celle-ci phagocyte littérallement le reste du film.

Film qui a du moins la bonne idée - et quelque part la politesse - de représenter l'ultime soupir de Soeur Sourire de manière pudique et originale.

Ce qui achève de le rendre vraiment attachant.


Cote: ** (presque ***)

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