lundi 11 mai 2009



Art moderne, haute couture!

"Coco avant Chanel" de Anne Fontaine (F); avec Audrey Tautou, Benoît Poelvoorde, Marie Gillain, Alessandro Nivola, Emmanuelle Devos, Jean-Chrétien Sibertin-Blanc...

Les débuts dans la vie de Gabrielle "Coco" Chanel, chanteuse de cabaret, petite couturière de province, courtisane râtée, féministe avant l'heure, femme de personne et amoureuse d'un seul homme et - finalement - incarnation de la femme moderne.

Pffffffffffffffffouhlalalala...

Je veux bien que des deux côtés de l'Atlantique la mode soit au biopic, d'Edith Piaf à George Bush en passant par Françoise Sagan ou Soeur Sourire (encore que ce cas-là soit un peu à part, on en reparlera bientôt) mais là, franchement, au vu de la qualité (ou plutôt de l'absence de...) des produits proposés (à quelques exceptions près, essentiellement le premier et le dernier titre cités) ça commence franchement à bien faire.

Pourquoi Diable les cinéastes n'arrivent-ils les uns après les autres qu'à nous pondre de sinistres pensums, des portraits en 2D, tout plats, tous mous, des téléfilms de luxe (et encore, pas toujours), poussiéreux, sans folie, sans vista.

Sont-ils tous à ce point paralysés par l'ampleur de la tâche, trop impressionnés par le côté hagiographie, hommage, statuaire, taxidermie des projets qui leur sont confiés, tétanisés devant le Grand Homme (ou le plus souvent "la Grande Femme") dont ils sont chargés de tailler le portrait?

Toujours est-il que, quelque soit la somme des talents mis en branle (je vous en prie) pour rendre justice à leur sujet, ils aboutissent tous, ou quasiment tous, au même résultat: un pâle brol insipide et laborieux qu'on visite comme un vilain musée de province...

Ici, d'ailleurs, c'est à ce point vrai que je pourrais tout simplement faire un copié/collé de ce que j'avais écrit il y a quelque mois à propos du "Sagan" de Kurys en prenant juste la peine de changer les noms: même réalisation souffreteuse, même académisme de mauvais aloi (un comble pour le portrait d'une femme censée incarner la modernité en action), même impression qu'on survole le sujet, qu'on n'apprend rien, qu'on passe à côté du personnage...

C'est tout simple: on se fait chier grâve devant ce truc qui se paye le luxe de n'absolument rien raconter et ce, quand même, pendant 1h50.
Et le tout malgré un sujet qu'on aurait pu croire en or, qui plus est (ou pas, oui. Après tout j'en sais toujours pas plus).

Comme quoi un bon personnage ne fait pas forcément un bon film, hein?

Alors, au milieu de cet évident ratage, que reste-t-il, si ce n'est une belle ambiance d'époque (quand même...)?
L'interprétation, peut-être?
Mouais... Là aussi, force est de reconnaitre qu'on n'atteint pas les sommets escomptés au vu de l'affiche...
La Tautou est mimi, sans plus, Marie Gillain atone, comme d'hab' et Alessandro Nivola compose un Boy Capel d'un monolithisme à la limite de l'effrayant.

Mais heureusement - et en dehors d'une Emmanuelle Devos parfaite en actrice frivole au grand coeur - s'il y en a un qui surnage, on pourrait même dire qui survole le débat, c'est bien Benoît Poelvoorde...

Dans un registre fort éloigné de celui qui lui est habituel, sans esbrouffe ni même cabotinage (ou alors si peu), le brave Ben compose un Balzan à la fois drôle et attachant et apporte en fin de compte au film ce qui lui manquait jusque là: un petit supplément d'âme.

Et permet à l'ensemble, sur le fil, d'obtenir... allez oui... UNE étoile.

Mais c'est bien tout ce que ça mérite.


Cote: *

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