Un faux.
"Coluche" d'Antoine de Caunes (F); avec François-Xavier Demaison, Léa Drucker, Olivier Gourmet, Denis Podalydès, Serge Riaboukine, Alexandre Astier...
En septembre 1980, Coluche, "comique préféré des français", alors au sommet de sa gloire, décide de présenter sa candidature à l'élection présidentielle. Ce qui ne devait au départ n'être qu'une bonne blague tourne bien vite au délire: le public l'acclame, les associations le soutiennent, la presse monte l'affaire en épingle, bref, tout le monde finit par y croire. A commencer par lui...
L'annonce de la mise en chantier d'un film sur Coluche avait de quoi laisser perplexe.
Le personnage fait trop partie de l'inconscient collectif et est encore trop présent dans l'esprit des gens pour qu'un cinéaste n'ose - déjà - s'y attaquer.
L'homme autant que le comique sont trop énormes pour qu'un comédien n'espère même l'incarner sans y laisser des plumes, voire des dents.
Antoine de Caunes aux commandes, qui plus est, ça n'avait rien pour rassurer.
Homme de télé génial, acteur plus que moyen et cinéaste plan-plan, l'homme - même s'il est une véritable encyclopédie de la culture populaire - ne semblait pas avoir les épaules assez larges pour mener à bien l'entreprise, même s'il en était à l'origine (enfin, plus ou moins).
Et puis, qui allait bien pouvoir jouer Coluche?
En cela, le choix de François-Xavier Demaison, homme de scène quasiment inconnu sous nos latitudes et dont le physique rondouillard se prète assez bien à l'affaire, était peut-être plus judicieux.
Histoire de ne pas faire disparaitre le personnage derrière la "performance" de star ou vice-versa.
Du coup, le résultat est à l'avenant et le film malheureusement trop en demi-teinte.
Certes, performance il y a.
Demaison ne fait pas qu'incarner Coluche: il est Coluche. On ne le soulignera jamais assez.
Hélas, trois fois hélas!
C'est sans doute uniquement sur lui que repose l'intérêt du film.
Car en ne livrant qu'une partie donnée et balisée de la vie de l'artiste - la fameuse campagne présidentielle de 80/81 - de Caunes donne à son film un goût de trop peu.
Il manque quelque chose "avant" pour asseoir réellement le personnage et surtout on a furieusement envie qu'il y ait encore quelque chose "après", quand le film s'achève, un peu en queue de poisson...
Alors, ce "Coluche", fausse bonne idée?
Oui et non, car le portrait est quand même pas mal brossé et donne à voir un Coluche plus humain, plus nuancé et peut-être moins immédiatement sympathique que celui que certains attendaient. Ou voulaient voir.
Un comique parfois plus populiste que vraiment populaire, prèt à tout pour faire parler de lui, quitte à frayer avec des politiciens douteux, aux idées semble-t-il fort éloignées des siennes. Mais un artiste également très engagé sur le terrain, qui semblait la plupart du temps vraiment concerné par les misère et les problèmes des gens, au quotidien.
Bref, un type ambigu, avec ses contradictions.
A première vue quelqu'un de vraiment humain.
Malheureusement, c'est l'enrobage qui manque un peu de coffre.
Le background est survolé, entremèlant 36 intrigues sans vraiment en approfondir une seule, au grand détriment de la lisibilité d'un scénario au final fort confus.
Les second rôles sont à peine exquissés, voire carrément sacrifiés au profit d'un personnage central évidemment ultra-envahissant.
Ca peut paraitre normal au vu du sujet mais c'est malheureusement dommageable pour l'histoire dans son ensemble et surtout très frustant lorsqu'on a affaire à des pointures telles que Léa Drucker, Olivier Gourmet, Denis Podalydès ou à Alexandre Astier ("Kaamelott") très étonnant dans le rôle de Reiser.
Et puis, même s'il a fait des efforts visibles par rapport à ses précédents films, la réalisation de de Caunes manque encore singulièrement de souffle, surtout face à un tel sujet.
Restent quelques éclats malheureusement trop isolés.
L'un ou l'autre dialogues qui font mouche.
Et Demaison, la vraie révélation de l'affaire.
Quand au "vrai" film sur Coluche, il semble malheureusement qu'il soit encore à faire...
Cote: **