lundi 24 septembre 2007




Sévèrement bourné!

"La Vengeance dans la Peau" (The Bourne Ultimatum) de Paul Greengrass (USA); avec Matt Damon, Julia Stiles, David Strathairn, Joan Allen, Scott Glenn, Albert Finney...

Conditionné pour devenir une machine à tuer, Jason Bourne, laissé pour mort et devenu amnésique n'avait qu'une seule obsession: retrouver son identité et faire payer les responsables! Après le meurtre de sa compagne, il avait retrouvé et éliminé le directeur du programme Treadstone qui avait fait de lui un assassin et, depuis, semblait s'estimer vengé.
Or, voilà-t-y pas que le Département de la Défense lance un nouveau programme encore plus sophistiqué baptisé Blackbriar.
Pour le directeur des Opérations Spéciales, Jason Bourne redevient donc l'homme à abattre...

Cours, Jason, cours!

Ah oui, ça, il cavale, le Jason Bourne!
Et pas qu'un peu!
Ca en donne le tournis. Ca épuise, même.
Enfin, moi, en tout cas, ça me fatigue.
Du coup, précédé de ma flemme légendaire, je pourais torcher ça en deux coup de cuillère à pot et une formule lapidaire du style "il est mieux que le deuxième et moins bien que le premier".
Voilà...

Un peu court, jeune homme?

Bon, ok, d'accord.
Eût égard à mes deux lecteurs et demi, je vais donc me fendre de quelque chose d'un peu plus roboratif (quelle intro - et quel titre! - mes aïeux; c'est portenawak!).
Mais, bon, on va quand même y aller à l'économie, hein?
En faisant un inventaire de ce qui est bien et moins bien, tiens...

Du côté "t'as tout bon, Gaston" (ou Léon, hein... Faites comme vous voulez):

1. Matt Damon est de plus en plus crédible.
Après le virage entâmé avec "Les Infiltrés" et poursuivi avec "Raison d'Etat", il s'impose de film en film comme une vraie référence du film de genre.
Derrière lui, les années mièvres au cours desquelles il errait, incolore et inodore, d'un film à l'autre. Ces années au cours desquelles on se posait légitimement la question "mais qu'est-ce qu'Hollywood peut donc bien lui trouver?"

2. D'un point de vue scénaristique, l'ambiance de paranoïa post-11 septembre tellement exacerbée qu'elle a finit par transformer des services comme la CIA en des machines à ce point énormes qu'elles se sont paralysées elles-même est admirablement rendue.
Jusque dans la mise en scène qui oppose subtilement un Bourne tout le temps en mouvement et utilisant les moyens du bord pour se dépétrer de l'affaire et un mammouth étatique immobile mais compensant ce côté statique par un arsenal technologique des plus impressionnants.

3. La mise en scène, justement (bien qu'il y aie aussi des choses à redire à ce propos mais on y reviendra).
En gros, à part une digression madrilène et de brèves incursions à Paris et Berlin, le film se compose de trois grosses pièces qui sont autant de morceaux de bravoure.
Le début à Londres (en grande partie dans la gare de Waterloo): véritable merveille de découpage et de montage.
Le "corps du film" à Tanger: incroyable tour de force de distortion temporelle entièrement construite autour d'une course poursuite hallucinante dans la casbah.
Et la fin à New-York, sans doute un peu moins haletante mais synthétisant assez bien les atouts des deux premières parties pour aboutir à un climax un peu attendu mais néanmoins diablement efficace.

Et du côté "tu t'es planté, José", me direz-vous?

Et bien d'abord et donc en:

1. Un usage un peu trop systématique de la caméra portée qui, si il renforce le côté un "toujours en cavale" du héros, rend l'ensemble des scènes d'action limite illisibles et finit comme toujours par donner la gerbe.
C'est une constante chez Greengrass (même dans ses oeuvres totalement différentes comme "Bloody Sunday" ou "Vol 93") mais même si on comprend son point de vue, ça à tendance à rendre son cinéma presque hystérique et parfois assez éprouvant, physiquement parlant.
C'est d'ailleurs particulièrement flagrant ici, dans un film ou les scènes d'action s'enchainent quasiment non-stop.
Au point que les rares moment d'accalmie finissent, par contraste, presque par donner mal à la tête. Faut pas demander...

2. Une tendance dommageable à vouloir jeter le bébé avec l'eau du bain.
On sait bien que les différentes informations renvoyant à la vraie identité de Bourne et à la nature profonde du projet Treadstone sont distillées tout au long des trois opus mais franchement, ici, pour le coup c'est vraiment trop court, jeune homme!
Trois films pour en arriver à ça, c'est quand même un peu frustrant, non?
Il me semble, en tout cas.

3. C'est moins important mais je trouve quand même dommage d'engager des pointures telles que Scott Glenn ou - surtout - Albert Finney pour les sous-exploiter de la sorte.
A l'instar de Robert Carlyle dans "28 semaines plus tard" (oui, oui, on y reviendra), ce serait même limite criminel, si je puis me permettre.

Bref de bref, donc, et pour conclure cette loooooonnnnngue chronique, on dira que ce "Bourne Ultimatum", s'il n'en est pas encore à bouleverser les codes du genre, donne un coup de pied suffisament sévère dans la termitière* pour que l'on se réjouisse de son existence.

De là à espérer un quatrième épisode... faut peut-être pas pousser...


Côte: **

* ou fourmillière, c'est selon...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Le un-et-demi autre je sais pas. Mais moi je t'en remercie ;)

Cartman a dit…

De rien, de rien... ;-))

Anonyme a dit…

je dois être le demi... il n'en manque plus qu'un ;o))))
Pas mieux.

Anonyme a dit…

Oublié de dire que je regardais justement les infiltrés hier soir et c'est selon moi fort intéressant.