dimanche 6 mai 2007




L'Humanité?

"Flandres" de Bruno Dumont (F); avec Adélaïde Leroux, Samuel Boidrin...

De nos jours, dans les Flandres, André Demester, jeune agriculteur, part pour la guerre dans un pays lointain.
Restée au pays, Barbe, la fille dont il est amoureux, lentement dépérit.

Aride, rêche, rugueux, austère...

Le cinéma de Bruno Dumont n'est certes pas un cinéma de la légereté ou de la joie de vivre...
On n'a jamais prétendu le contraire mais ce quatrième film, qui se présente comme une synthèse de ses oeuvres précédentes, le confirme.
Et de manière on ne peut plus sèche!

En équilibre instable mais constant entre l'abstraction de la partie "française" - dont les dialogues réduits à l'extrème renforcent la froideur - et le côté "sensationnel" des scènes de guerre, le film, radical mais d'une splendide simplicité, laisse le spectateur sans voix.
Néanmoins la moindre de ses qualités n'est certainement pas de ne jamais perdre son public en cours de route et ce malgré le jusqu'au-boutisme de la réalisation, du scénario et de l'interprétation.

Dumont nous montre à travers cette histoire violente et grave, horrible même, de par son sujet et une partie de son traitement, des blocs d'humanité comme on en voit peu et qui nous touchent singulièrement par leur innocence et par la manière dont celle-ci est parfois mise à l'épreuve.

La mise en scène, comme toujours sublime, oscillant entre Cinémascope (les Flandres) et 16mm ("l'étranger"), grisaille et soleil brûlant, s'étale en de majestueux plans-séquences presque hypnotiques pour mieux nous permettre de traverser cette "expérience", courte mais difficile, belle mais éprouvante.

Les acteurs non-professionnels crèvent quant à eux une nouvelle fois l'écran, en particulier la jeune Adélaïde Leroux dont la photogénie constitue presque une anomalie dans l'univers du cinéaste.

Tripal et rageur, désabusé, presque cynique, sans concession dans son approche très personnelle de la mise en images (pas d'effets, pas de musique, des mouvements de caméra réduits au strict minimum), Bruno Dumont nous offre une nouvelle fois une vision très sombre de l'Homme et de la société.
Jusqu'à ce qu'arrive une dernière partie une nouvelle fois très sobre mais cette fois - aussi - très chargée en émotion.

Une dernière partie dans laquelle éclate enfin l'humanité des personnages et dans laquelle se révèle l'un des propos du film: l'homme, seul, est un animal.

Pessimiste?
Oui.
Cohérent?
Aussi...

Côte: ***

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