lundi 20 août 2012


The Bop Decameron.

"To Rome With Love" de Woody Allen (USA); avec Ellen Page, Woody Allen, Penélope Cruz, Jesse Eisenberg, Roberto Benigni, Judy Davis...

Un citoyen romain lambda se retrouve du jour au lendemain célèbre sans raison et la proie des médias. Un jeune marié timide venu présenter sa femme à sa famille psycho-rigide se retrouve avec sur les bras une prostituée délurée tandis que son épouse se perd dans la ville. Un jeune étudiant en architecture tombe amoureux de la meilleure amie de sa compagne, une actrice névrosée et manipulatrice. Un agent artistique à la retraite découvre que le père de sa future bru est un chanteur d'opéra de génie qui s'ignore. Tous ces personnages et quelques autres se croisent sans vraiment se rencontrer dans  le décor splendide de la Ville Eternelle.

Après Londres, Barcelone et Paris (et en continuant, après "Vicky Cristina Barcelona" et "Minuit à Paris" son exploration des titres de films les plus platement premiers degrés possibles), Woody Allen pose donc pour notre plus grand plaisir ses bagages et sa caméra à Rome (oui, c'est écrit dans le titre, suivez un peu).

Et si, à l'instar de la précédente étape parisienne, il n'évite pas les clichés inhérents au genre et un certain côté "carte postale" - à l'enthousiasme heureusement très communicatif (ça donne envie de visiter Rome, oui. Et pas qu'un peu), il le fait visiblement en s'amusant comme un petit fou.

Et ce plaisir est franchement communicatif.
Car cette comédie patchwork qui réunit un bel aréopage d'acteurs de tous horizons - des locaux aux américains, des habitués aux représentants de la jeune génération - multiplie les mini-intrigues cocasses, les histoires les plus folles, parfois parfumées d'un certain surréalisme voire d'une touche de fantastique, sur un thème commun - outre la romance, bien sûr, qui en est comme toujours le moteur: l'homme et sa soif de reconnaissance, de grandeur, de succès à tout prix, quelle qu'en soit la forme.

En celà, deux segments se détachent; celui mettant en scène Benigni (étonnament sobre dans un rôle qui semblait pourtant taillé pour tous les excès) complètement dépassé par un succès soudain et incompréhensible, se retrouvant interviewé au journal de 13h pour savoir ce qu'il a mis sur ses tartines le matin...

Et celui ou Allen lui-même découvre que le père de sa future belle-fille, croque-mort de profession, est un génie de l'opéra qui s'ignore.
Seul bémol: il n'arrive à chanter que sous sa douche !

Qu'à cela ne tienne, Woody-l'imprésario qui a lui même plus soif de célébrité que sa future star et qui vit sa retraite comme une petite mort (thème allenien s'il en est) à plus d'un tour dans son pot !
Et s'en va trouver un hilarant palliatif à l'affaire, renouant pour le coup avec le burlesque de ses premiers films tels que mis en abîme dans l'excellent "Stardust Memories" ("Bananas", "Woody et les Robots", "Guerre et Amour" et quelques autres).

Entre ces deux highlights, comme disent les américains, Woody lie la sauce avec deux autres "sketches" plus classiques mais toutefois eux aussi très personnels car ressassants des quiproquos amoureux mêlant nostalgie douce-amère, humour juif et - pour le coup - faconde italienne.

Et comme ceux-ci permettent à Ellen Page et Penélope Cruz de briller dans des rôles très différents et à Alec Baldwin d'introduire un intéressant personnage de mentor dont on se demande souvent si il n'est pas une pure production de l'imagination de Jesse Eisenberg eh bien, on y trouve également suffisamment de quoi se mettre sous l'oeil et sous la dent pour ne pas s'ennuyer et savourer l'ensemble comme un apéro sur une terrasse romaine.

Reste évidemment que "To Rome With Love" est un faux film choral dont les différentes parties s'entrecroisent sans jamais vraiment se rencontrer.

Et qu'au final, quand est venu le temps de cloturer la chose, ce n'est pas face à une mais bien quatre fins que l'on se retrouve confronté.

Et que donc ça tire en longueur et qu'on a l'impression que ça ne sait jamais très bien finir.
Fois quatre !

Mais outre ce bémol on est quand même très content d'avoir passé une heure quarante dans une ville magnifique, au milieu d'une troupe d'acteurs splendides, au sein d'un scénario qui bouillonne du génie d'un Woody Allen dont on se dit que, décidément, le climat européen lui va plutôt bien.

Très bien, même.

Et si ce n'est pas ça le plus important, hein...


Cote: ***

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