Sur la route...
"La Défense Lincoln" (The Lincoln Lawyer) de Brad Furman (USA); avec Matthew McConaughey, Marisa Tomei, Ryan Phillippe, Frances Fisher, William H. Macy, Pell James...
Michael Haller est avocat à Los Angeles. Toujours entre deux tribunaux, toujours entre deux affaires, il travaille à l'arrière de sa voiture, une Lincoln Continental. Habitué des magouilles, des clients peu reluisants et des procès minables, il pense avoir décroché l'affaire de sa vie: la défense de Louis Roulet, play-boy fils à maman accusé de viol et de tentative de meurtre. Mais bien vite, ce qui devait être un contrat facile et surtout très rentable se transforme en tout autre chose. Et s'engage alors une véritable partie de bras de fer entre deux experts en manipulation.
Que voilà de la belle ouvrage !
Du genre qui surprend agréablement et qui fait plaisir.
Oh, rien de bien transcendant non plus, non.
Un bon vieux polar.
Un bon vieux polar rondement mené et à la mécanique habilement huilée.
Du vrai travail d'artisan, en somme...
Presque à l'ancienne, pourrait-on même dire, ne serait-ce cette réalisation, fluide et nerveuse qui reste pour sa part subtilement moderne avec ses cassures et ses changements de rythme, son art du cadrage et son montage nerveux.
Avec son enquête à tiroir et à rebondissements dans la Cité des Anges, sous le soleil californien, cette "Défense..." se pose un peu là en matière de film ludique et plein de surprises. Mais il va aussi plus loin, dans sa deuxième partie qui évolue vers le film de prétoire - ou le "thriller juridique", appellez-ça comme vous voudrez - genre dans lequel les américains sont passés maîtres et dont je suis particulièrement friand.
Il va plus loin parce que, se révélant du coup fort instructif, il donne à voir et à comprendre quelques unes des subtilités, voire des contorsions, du système judiciaire américain. Un système retors s'il en est.
A part ça...
Eh bien à part ça, le film de Brad Furman réussit surtout le (petit) tour de force de réunir tout les bons ingrédients au bon moment et au bon endroit afin de nous fournir l'un des meilleurs "films noirs" qu'il ait été donné de voir de mémoire récente.
Réalisation et écriture, on l'a déjà dit plus haut, caractérisation des personnages - avec une galerie de second rôle savoureux dans la droite ligne de ce qui se faisait à la grande époque (vous savez, les seventies...) et, immédiat corollaire même si ce n'était pas nécéssairement une fatalité: inteprétation.
Et de ce côté là, que du nanan !
A commencer par le rôle principal, incarné par un Matthew McConaughey impérial en nouvelle icone de la coolitude roublarde.
Un Matthew McConaughey que l'on avait quelque peu perdu de vue il est vrai lors de la dernière décennie, noyé qu'il était sous une déferlante de nanards sournois ("L'Amour de l'Or", "Playboy à Saisir", cherchez pas, vous vous en souvenez même pas), loin, bien loin, in a galaxy far far away, de ses débuts tonitruants en jeune beau plein d'avenir et de strass, vers le milieu des années 90, par là (Mais si... Avec des trucs du genre "Lone Star", "En Direct sur EdTv", "Contact", "Le Droit de Tuer ?" ou même "Amistad". Soit pas forcément du tout bon non plus mais, allez, au moins du qui marchait. Et ça vous devez vous en souvenir, quand même, non ? Même vaguement...).
Ici, bien vieilli, madré, ayant pris de la bouteille (au figuré uniquement, je rassure tout le monde), il déroule une palette de jeu dont on ne le croyait plus fort capable.
Si tant est qu'on y ait cru un jour, d'ailleurs, mais c'est une autre histoire...
Et à ses côtés, donc, des seconds rôles taillés dans le marbre, tant du point de vue des personnages qu'en ce qui concerne leurs interprêtes.
Car si on a un peu du mal à calculer Ryan Philippe en Patrick Bateman de la Côte Ouest, le reste envoie le bois et pas qu'un peu, crédieu !
Marisa Tomei comme d'habitude, bien sûr (mais elle, elle jouerait dans le remake amériki de "Joséphine, Ange Gardien" que je crierais encore au génie) mais aussi - ou peut-être devrais-je dire surtout - euh... ben tous les autres.
A commencer par Frances Fisher et William H. Macy, lancés dans un invraisemblable concours de coiffures (gagné sur le fil par le second mais il triche, il a aussi une stache et pas n'importe laquelle).
Et je ne vous parle même pas de John Leguizamo, Michael Paré (MICHAEL PARE !!!!!) ou Bryan Cranston.
Rien que de citer leurs noms et c'est le Valhalla ! Le Xanadu de la série B qui déboule !
Alors, allez, bref !...
Bing boum badaboum, l'un dans l'autre et en un mot comme en cent, "La Défense Lincoln" n'est certes pas un grand film, mais c'est un film soigné, confortable et qui prouve qu'en y mettant du coeur et du talent, il y a encore de nos jours moyen de pondre un thriller efficace, qui retrouve l'alchimie des bonnes séries B d'antan tout en y insufflant juste ce qu'il faut de modernisme.
D'où, encore une fois: du bon boulot.
Cote: **
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