vendredi 24 juin 2011

"Ma femme me demande..."

Il ne fait décidément pas bon avoir son portrait tiré dans l'Illustre Soir (Magazine).

Cette semaine: Peter Falk ! Et quoi ?

Boum, tombéééééééé !!!!!

Et ça me fait de la peine, tenez, une fois de plus.

Parce que Columbo, bien sûr, une des meilleures séries policières de mémoire télévisuelle (et son personnage était inspiré par celui tenu par Charles Vanel dans "Les Diaboliques", d'Henri-Georges Clouzot, en plus. Un de mes deux-trois films français préférés de tous les temps (avou "Un Singe en Hiver", "Un Mauvais Fils" et "Mon Oncle", ce qui me permet de faire une parenthèse à l'intérieur de la parenthèse et c'est pas donné à tout le monde, tenez !) ), mais aussi et surtout parce que Cassavetes ("Une Femme sous Influence", "Husbands"), "Princess Bride" et avant tout son propre rôle dans "Les Ailes du Désir", de Wim Wenders, l'un des plus grands films de l'Histoire du Monde, period.



Pour tout ça et pour son oeil de verre, pour sa Peugeot et pour son chien, pour son imper et pour sa femme qu'on ne voit jamais*... merci Monsieur Falk.

Et puisse la masse se souvenir de vous sous votre véritable nom et pas sous celui de votre inéffable alter-égo de pellicule.

Ce qui n'est pas gagné.

Ben non...




(* Si, car Kate "Star Trek - Voyager" Mulgrew l'a incarnée dans une éphémère série spin-off dans laquelle il n'apparaissait pas, je sais...)


PS: j'ai pas fait "That's all, Falk", déjà pris par... "Paris Match" !

jeudi 23 juin 2011

Mutant Academy.

"X-Men: Le Commencement" (X-Men: First Class) de Matthew Vaughn (USA); avec James McAvoy, Michael Fassbender, Rose Byrne, Kevin Bacon, Jennifer Lawrence, Oliver Platt...

Au commencement, avant que les mutants ne se révèlent au monde. Avant que Charles Xavier et Erik Lehnsherr ne deviennent le Professeur X et Magneto. Du temps où ils étaient encore amis et alliés, découvrant leurs pouvoirs et travaillant à sauver le monde d'une catastrophe nucléaire. Avant que le conflit ne naisse et que la guerre ne soit déclarée entre les deux camps, entre la Confrérie et les X-Men.

Fan de films de super-héros en moules boules et n'en faisant pas mystère, j'avais pourtant évité plus tôt dans l'année d'aller voir le "Thor" de Kenneth Branagh dont mes services m'avaient vanté la kitscherie putride, ce que semblaient d'ailleurs confirmer les bandes-annonces et autres photos de production entrevues sur la Toile.

Bien m'en a pris, semblerait-il (mais je me ratrapperai en DVD, un plaisir coupable reste un plaisir coupable).

Mais du coup, eh oui, je me trouvais fort dépourvu lorsque la bise fut venue, me sentant cruellement en manque de bièsseries en collants de type Marvel et consorts.

Encouragé par la presse unanime (j'exagère mais bon, on peut quand même dire que les critiques qui accompagnent la sortie de ce "First Class" sont globalement positives pour ne pas dire plus) et galvanisé par le souvenir des deux premiers opus de la série (laissons de côté par charité disons... chrétienne le pitoyable coda torché de manière indigne par cette grosse vache de Brett Ratner), je m'en allais donc jeter un oeil voir les deux sur cette (ce ?) prequel/reboot/machin fouillant les origines de la franchise.

D'autant qu'aux commandes de l'affaire, ont retrouvait ni plus ni moins que Matthew Vaughn, réalisateur d'un certain "Kick-Ass" ayant déclanché l'hystérie ici-même lors de la précédente édition du Bifff, en avril 2010.

Et bien m'en pris - donc - car ce quatrième épisode (oui, passons aussi pour les mêmes raisons que ci-dessus sur l'affreux spin-off tout pourri consacré aux avatars du pourtant à part ça toujours fort estimable Wolverine) est probablement le meilleur de l'affaire (faudrait que je revoie le deuxième pour vérification mais bon...).

Bon, bien évidemment, ce n'est pas tout à fait exempt d'une certaine bêtise, d'un côté too much inhérent au genre.

Mais, bon, faut savoir où l'on est est ce que l'ont va voir aussi.

On vient pas voir X-Men comme du Bergman ou le dernier Woody...

Et d'ailleurs, quand on y pense, y a du fond, quand même...
A peu près le même que dans tous les films de super-héros et en particulier dans ceux consacrés aux Mutants: acceptation de soi et de l'autre, passage à l'âge adulte, tentation de la violence et de la Loi du Talion, sentiment d'exclusion, etc.
Mais il y en a...

D'autant qu'ici, le scénario lie habilement la petite histoire avec la Grande (la crise des missiles de Cuba avec JFK en second rôle de luxe) pour une relecture de celle-ci du plus pur style "Guerre Secrète" qui donne à l'ensemble un petit côté James Bond.

La réalisation de Matthew Vaughn, même si moins follement rentre-dedans que dans son précédent morceau de bravoure, est efficace et donne à l'ensemble un tour fort agréable, qui oppose ce fond à une certaine légèreté pop, inhérente à l'époque à laquelle l'action se déroule (les années 60) et mêlant habilement ces questionnements à l'efficacité d'un blockbuster hollywoodien bourré jusqu'à la gueule d'effets spéciaux qui pètent comme à Saïgon.

D'où l'un dans l'autre un produit de qualité légèrement supérieure à la moyenne, ludique (l'engagement des nouvelles recrues, la découverte de leurs pouvoirs respectifs avec une excitation de vrais gamins, une galerie de seconds rôles étonnants et quelques caméos vraiment drôles), parfois un peu over the top (la transformation de Hank McCoy en Fauve réminicent de Sullivan, la grosse bête bleue de "Monstres et Cie", les poses de Xavier quand il utilise son pouvoir psychique ou toute la fin sur la plage, même si elle explique de manière dramatique les origines du conflit entre les deux héros) mais globalement bien tenu et porté avec classe par un casting de nouveaux venus convaincants au sommet desquels James McAvoy et le décidément toujours parfait Michael Fassbender font particulièrement des étincelles (mention aussi à Jennifer Lawrence, qui confirme et à Kevin Bacon, très en forme ces derniers temps).

Spectaculaire et presque euphorisant.


Cote: ***

jeudi 16 juin 2011

Sur la route...

"La Défense Lincoln" (The Lincoln Lawyer) de Brad Furman (USA); avec Matthew McConaughey, Marisa Tomei, Ryan Phillippe, Frances Fisher, William H. Macy, Pell James...

Michael Haller est avocat à Los Angeles. Toujours entre deux tribunaux, toujours entre deux affaires, il travaille à l'arrière de sa voiture, une Lincoln Continental. Habitué des magouilles, des clients peu reluisants et des procès minables, il pense avoir décroché l'affaire de sa vie: la défense de Louis Roulet, play-boy fils à maman accusé de viol et de tentative de meurtre. Mais bien vite, ce qui devait être un contrat facile et surtout très rentable se transforme en tout autre chose. Et s'engage alors une véritable partie de bras de fer entre deux experts en manipulation.

Que voilà de la belle ouvrage !

Du genre qui surprend agréablement et qui fait plaisir.

Oh, rien de bien transcendant non plus, non.
Un bon vieux polar.
Un bon vieux polar rondement mené et à la mécanique habilement huilée.
Du vrai travail d'artisan, en somme...
Presque à l'ancienne, pourrait-on même dire, ne serait-ce cette réalisation, fluide et nerveuse qui reste pour sa part subtilement moderne avec ses cassures et ses changements de rythme, son art du cadrage et son montage nerveux.

Avec son enquête à tiroir et à rebondissements dans la Cité des Anges, sous le soleil californien, cette "Défense..." se pose un peu là en matière de film ludique et plein de surprises. Mais il va aussi plus loin, dans sa deuxième partie qui évolue vers le film de prétoire - ou le "thriller juridique", appellez-ça comme vous voudrez - genre dans lequel les américains sont passés maîtres et dont je suis particulièrement friand.

Il va plus loin parce que, se révélant du coup fort instructif, il donne à voir et à comprendre quelques unes des subtilités, voire des contorsions, du système judiciaire américain. Un système retors s'il en est.

A part ça...
Eh bien à part ça, le film de Brad Furman réussit surtout le (petit) tour de force de réunir tout les bons ingrédients au bon moment et au bon endroit afin de nous fournir l'un des meilleurs "films noirs" qu'il ait été donné de voir de mémoire récente.

Réalisation et écriture, on l'a déjà dit plus haut, caractérisation des personnages - avec une galerie de second rôle savoureux dans la droite ligne de ce qui se faisait à la grande époque (vous savez, les seventies...) et, immédiat corollaire même si ce n'était pas nécéssairement une fatalité: inteprétation.

Et de ce côté là, que du nanan !

A commencer par le rôle principal, incarné par un Matthew McConaughey impérial en nouvelle icone de la coolitude roublarde.
Un Matthew McConaughey que l'on avait quelque peu perdu de vue il est vrai lors de la dernière décennie, noyé qu'il était sous une déferlante de nanards sournois ("L'Amour de l'Or", "Playboy à Saisir", cherchez pas, vous vous en souvenez même pas), loin, bien loin, in a galaxy far far away, de ses débuts tonitruants en jeune beau plein d'avenir et de strass, vers le milieu des années 90, par là (Mais si... Avec des trucs du genre "Lone Star", "En Direct sur EdTv", "Contact", "Le Droit de Tuer ?" ou même "Amistad". Soit pas forcément du tout bon non plus mais, allez, au moins du qui marchait. Et ça vous devez vous en souvenir, quand même, non ? Même vaguement...).

Ici, bien vieilli, madré, ayant pris de la bouteille (au figuré uniquement, je rassure tout le monde), il déroule une palette de jeu dont on ne le croyait plus fort capable.
Si tant est qu'on y ait cru un jour, d'ailleurs, mais c'est une autre histoire...

Et à ses côtés, donc, des seconds rôles taillés dans le marbre, tant du point de vue des personnages qu'en ce qui concerne leurs interprêtes.

Car si on a un peu du mal à calculer Ryan Philippe en Patrick Bateman de la Côte Ouest, le reste envoie le bois et pas qu'un peu, crédieu !

Marisa Tomei comme d'habitude, bien sûr (mais elle, elle jouerait dans le remake amériki de "Joséphine, Ange Gardien" que je crierais encore au génie) mais aussi - ou peut-être devrais-je dire surtout - euh... ben tous les autres.

A commencer par Frances Fisher et William H. Macy, lancés dans un invraisemblable concours de coiffures (gagné sur le fil par le second mais il triche, il a aussi une stache et pas n'importe laquelle).

Et je ne vous parle même pas de John Leguizamo, Michael Paré (MICHAEL PARE !!!!!) ou Bryan Cranston.
Rien que de citer leurs noms et c'est le Valhalla ! Le Xanadu de la série B qui déboule !

Alors, allez, bref !...

Bing boum badaboum, l'un dans l'autre et en un mot comme en cent, "La Défense Lincoln" n'est certes pas un grand film, mais c'est un film soigné, confortable et qui prouve qu'en y mettant du coeur et du talent, il y a encore de nos jours moyen de pondre un thriller efficace, qui retrouve l'alchimie des bonnes séries B d'antan tout en y insufflant juste ce qu'il faut de modernisme.

D'où, encore une fois: du bon boulot.

Cote: **

lundi 13 juin 2011

Parle à ma main !

"Le Complexe du Castor" (The Beaver) de Jodie Foster (USA); avec Mel Gibson, Jodie Foster, Anton Yelchin, Jennifer Lawrence, Riley Thomas Stewart, Cherry Jones...

La vie de Walter est en train de partir en sucette. Déprimé, mutique, vivant au ralenti, il perd le contact avec sa famille et, peu à peu, le goût pour toutes choses. Sa femme se réfugie dans le travail, son fils aîné vit dans la hantise d'un jour lui ressembler, le plus jeune se transforme en "enfant invisible" et l'affaire familiale (une usine de jouets) périclite. Arrivée à un point de non retour, son épouse finit par le mettre à la porte. Après une tentative de suicide, il se réveille un beau matin avec à la main une marionnette de castor trouvée la veille dans une poubelle. Laquelle marionnette va lui servir à exprimer toutes les choses qu'il n'ose pas dire à son entourage. Jusqu'à le transformer en une sorte de nouveau Walter, plus sûr de lui, plus positif, plus heureux... Un nouveau Walter qui reprend peu à peu le contrôle de sa vie. Mais qui ne peut désormais plus exister qu'à travers ce castor...

C'est un film étrange, ce "Complexe du Castor".
Insolite déjà sur le papier, encore plus à l'écran.

Bizarre dans sa déviance autant que dans son apparente normalité.

Car sur la forme, le film est sobre et joue la carte classique de la comédie dramatique, attachante et peut-être un peu trop facilement tire-larmes, comme les américains savent en usiner par centaines, plaçant au centre de son intrigue la sacro-sainte cellule familiale, pour le moins dysfonctionnelle ce coup-ci - et ce à tous les étages: du père barjo au fils neurasthénique...

Avec son habituelle rédemption finale, aussi.
Et ce n'est pas spoiler la chose que de le dire. Même si, ici, cette résolution arrivera par des ressorts inattendus et plus brutaux que l'on ne pourrait croire.

Passé le temps d'adaptation nécéssaire à accepter le fait de voir Gibson parler par le biais de cette marionnette qui s'exprime de surcroît avec la voix de Michael Caine ou peu s'en faut (latence qui nous place en quelque sorte dans la même position que sa famille), on s'enfonce confortablement dans le cuir de ce film gentiment déjanté.
Et l'on suit avec plaisir et émotion le cheminement de cet homme qui cherche par tous les moyens - même les plus désespérés - à remonter à la surface.

Et c'est là que ce "Complexe..." prend toute sa signification et toute sa saveur.

Car l'intérêt se situe bien évidemment dans le parallèle que le film effectue entre son histoire et celle, intime, du comédien, que ses multiples frasques on finit par éloigner à la fois du métier et des spectateurs.

En celà, "Le Complexe du Castor" se pose presque en thérapie-live. Celle d'un acteur en totale rupture, dont la vie privée est offerte (à cause de lui) en pâture au public.
Avec la réalisatrice dans le rôle de son épouse. Dans le film.
Et donc en quelque sorte dans celui de sa psy une fois qu'elle se trouve derrière la caméra...

Comme mise en abyme, c'en est presque vertigineux.

Et heureusement car, en dehors de l'assez jolie et délicate sous-intrigue concernant le fils aîné et sa petite amie en devenir (Anton Yelchin et Jennifer Lawrence, tous deux très bien), le film, un peu trop lénifiant et arrondissant un peu trop les angles, a parfois - à l'instar de son personnage principal - tendance un peu à s'assoupir.

Mais hourra ! Mel Gibson lui-même est là qui veille au grain.

Car la grande attraction, ici, c'est lui et bien lui.
Qui en dehors de la mise à nu prouve à tous ceux qui l'avaient oublié - après tant d'années passées à filmer des kilts, le Christ et des indiens c'est un peu normal - à quel point il peut être un acteur prodigieux !

Intense et émouvant mais aussi à l'aise dans la comédie - car il y en a - il sauve sur le fil ce petit film insolite qui semble parfois trop frileux devant ses propres audaces mais qui a le mérite quand même de ne pas s'intéresser tant au malade lui-même qu'à la perception que nous pouvons avoir de lui.
Et s'interroge donc plus subtilement qu'on ne pourrait le croire de prime abord sur la notion de normalité.

Un film inégal et bancal mais qui réalise quand même une sorte de micro-prouesse par la grâce de son interprête principal et de son vécu... particulier...

Rien que ça, ça vaut quand même qu'on s'y arrête, non ?


Cote: **