Fins de séries...Oui, bon, ça va toujours pas, hein...
On l'aura remarqué (du moins il me semble)...
Je retourne au cinéma (même si pour le moment il n'y a pas grand chose à se mettre sous la rétine) et c'est déjà ça, mais, y a rien à faire, il y a toujours quelque chose qui coince...
C'est même pas de la flemme ou du manque de temps - enfin, pas vraiment - mais j'ai tout simplement plus fort envie d'écrire ici, pour le moment.
C'est comme ça, que voulez-vous...
Je profite donc d'un inatendu retour, si pas d'inspiration, du moins de courage (on va dire ça comme ça) pour torcher en vitesse les chroniques des trois derniers films vus AVANT le Bifff (oui, c'est à ce point-là, je sais).
Et quand je dis "en vitesse"...
- "
Precious" de Lee Daniels (USA);
avec Gabourey Sidibe, Mo'Nique, Paula Patton, Mariah Carey, Lenny Kravitz, Sherri Shepherd...
On a entendu et surtout lu tout et son contraire sur "le film qui a ému l'Amérique"...
Les décidément de moins en moins crédibles "critiques" de "Première" (maudits !) ont même considéré que Lee Daniels inventait là "le porno social".
Et c'est vrai que ça ne fait pas dans la dentelle dans le genre "catalogue de sévices" ou "inventaire du drame social glauque en 5 leçons"...
Precious est obèse, noire, pauvre, illetrée... Elle est abusée par une mère indigne et les viols répétés qu'elle a subits de la part de son père l'ont laissée fille-mère...
En plus, son premier enfant (oui, elle en attend un second au moment du film) est trisomique.
Dit comme ça, ça ferait presque rire, tellement c'est too much... Oui, je sais.
Et pourtant, Daniels arrive curieusement à nous cueillir avec sa "fable" sociale.
Grâce d'abord à une mise en scène très inspirée, presque en apesanteur, qui rajoute pas mal de poésie à l'ensemble même si elle pèche parfois par excès clipesque.
Ensuite, grâce au jusqu'au-boutisme revêche et buté de son interprète principale, Gabourey Sidibe, qui n'a pas peur de s'investir dans son rôle et qui fait beaucoup, sans vraiment attirer la sympathie pour autant, pour donner de l'épaisseur (sans mauvais jeu de mots) à un personnage étonnant.
Un personnage qui fait vraiment vivre et exister le film.
Autour d'elle un casting essentiellement issu de la musique et de la télé (mention spéciale à la
méconnaissable Mariah Carey) achève d'enlever le morceau.
In extremis - c'est quand même parfois fort chargé - mais bon...
On se prend au jeu du pathos sans pour autant sans se sentir manipulé et c'est finalement l'essentiel.
Cote: ***
- "
The Ghost Writer" de Roman Polanski (UK);
avec Ewan McGregor, Pierce Brosnan, Kim Cattrall, Olivia Williams, Tom Wilkinson, Timothy Hutton...
Dommage d'expédier de la sorte le film-somme de Polanski, sans doute ce qu'il m'ait donné à voir de mieux - et de loin - depuis le début de l'année, mais baste.
Qu'il en soit ainsi...
Ne ménageons pas pour autant les superlatifs et disons quand même tout-à-trac tout le bien que nous pensons de l'engin.
Car oui, Polanski signe sans doute ici l'uns des meilleurs films de sa carrière.
Et probablement au moment où l'on s'y attendait le moins, d'ailleurs.
Au moment, évidemment, d'une crise particulière dans sa vie personnelle.
Bien sûr.
Et signe du coup un immense thriller politique et psychologique qui, sous ses allures de puzzle paranoïaque, redonne ses lettres de noblesses au genre tout en ménageant une sorte d'effet-miroir permanent avec la vie du cinéaste (le film traite de l'exil, de la compromission, des non-dits et des faux semblants... D'un homme dont la vie est donnée en pâture à la justice et aux médias, aussi). Effet-miroir qui lui donne tout son sel et toute son importance dans sa pourtant déjà fort riche filmographie.
C'est fin, râcé, élégant, plein d'humour et de malice, réalisé de main de maître (la scène ou la petite note passe de main en main, à la fin, est admirable de découpage) et interprêté magistralement par deux acteurs en état de grâce (c'est bien simple, c'est probablement le meilleur rôle de Pierce Brosnan)...
Et la scène finale, brillantissime, laisse un goût terriblement amer dans la bouche.
L'un dans l'autre, on l'aura compris, tout simplement de l'art !
Du grand art !
Cote: ****
- "
Bad Lieutenant: Escale à la Nouvelle-Orléans" (The Bad Lieutenant: Port of Call New Orleans) de Werner Herzog (USA);
avec Nicolas Cage, Eva Mendes, Val Kilmer, Fairuza Balk, X-Zibit, Jennifer Coolidge...
Festival de micros à l'écran ! Championnat du Monde ! Incroyable ! Eubelibeubeul !
Bon, il s'agit évidemment d'un problème d'étalonnage entre les USA et l'Europe mais quand même !
A ce point-là (j'en ai bien comptés dix sur tout le film. Et pas des petits, hein ? Du genre des grosses housses poilues en plein milieu du champ pendant toute une scène de dialogue. Du jamais vu depuis "
Trust" de Hal Hartley il y a... oh la ! Au moins ça !) difficile de tenir son sérieux, malgré les qualités du film.
Et pourtant... Et encore...
Au bout d'un certain moment on se dit que ça participe à l'étrangeté de l'affaire.
Parce que dans le genre dézinguerie, on peut dire que cet homonyme
du film d'Abel Ferrara (oui, il y a longtemps que l'on sait que, malgré quelques points communs, le Herzog n'est ni une suite ni un remake de celui-ci) se pose en espèce de mètre-étalon.
Faut le voir pour le croire !
Mais bon, fallait s'y attendre, hein...
La rencontre au sommet de deux fous dans leurs têtes tels que
Werner Herzog et Nicolas Cage ne pouvait donner lieu qu'à un monstre filmique de cet acabit.
Du coup, nous nous retrouvons devant un film qui est une sorte de gigantesque plaisir coupable, où le Cage s'en donne à coeur joie, totalement en roue libre et survolté, devant la caméra pas moins secouée de l'autre zozo en chef...
Il sniffe, tire dans tous les sens, saute des filles sur les parkings, voit des iguanes et sort des trucs du niveau de "tire-lui encore dessus, son âme danse encore"...
Ca vous donne une idée...
Non ?
Ben non, je comprends...
Si on n'a pas vu ce truc, on ne peut pas vraiment se rendre compte...
Et quelque part, c'est ça qui est bien.
Vraiment bien.
Azimuté, certes... Mais formidable !
Cote: ***