jeudi 4 février 2010


La Fête à Neuneu.

"Mr. Nobody" de Jaco Van Dormael (B); avec Jared Leto, Diane Kruger, Sarah Polley, Linh-Dan Pham, Rhys Ifans, Juno Temple...

Dans un futur après tout pas si lointain, Nemo Nobody est le dernier mortel sur terre. En tant que tel, son agonie est filmée et retransmise seconde par seconde sous forme d'émission de télé-réalité. Une nuit, un journaliste réussi à s'introduire dans sa chambre d'hôpital afin de lui arracher une ultime interview. Mr. Nobody lui raconte alors l'histoire d'un enfant qui, sur le quai d'une gare, doit choisir entre son père et sa mère qui se séparent...

Astableeft !

Tout ça... pour ça... ???

Trente ans ou à peu près, donc, que le bon Van Dormael s'acharne à nous turbiner son Grand Oeuvre*.
Ce "Mr. Nobody" que l'on voudrait nous vendre et nous faire gober une fois encore telle la couleuvre, énième variation sur le serpent de mer estampillé "qualité belge".

Alors, oui, certes... évidemment...
Pendant tout ce temps, le pauvre citron, appliqué qu'il était, ne pouvait pas se douter (et encore, c'est à voir. Peut-être aurait-il pu. Même dû, après tout...) que d'autres allaient passer par là et que sa vision du futur, sa manière de le représenter, allaient s'en retrouver obsolètes, éventées.
Vieillies avant l'heure malgré son évidente maîtrise pyrotechnique.

Ah oui.

Mais, hélas ! Fatalitas ! On en est là.

Et le premier problème - oui, il y en a une charette - de Monsieur Personne (dont le patronyme qui se veut fûté - "Eh ! Oh ! Clic-clic ! Vous avez saisi l'allusion ?" - ne fait d'ailleurs que renforcer le côté "enfonceur de portes ouvertes" de l'entreprise) se situe bien là. Malheureusement.

Ca se veut follement novateur et original - et c'est vrai que, d'un point de vue purement technique et financier (ça a dû coûter un pont et ça se voit) c'est réellement impressionnant - mais ça n'arrive jamais à dépasser le stade du recyclage laborieux et de la citation involontaire**.

Toute cette macédoine, ce gloubiboulga "philosophique" new age-bobo-S.F. (Oui ! Il y a même une dimension "Sunshine"/"Total Recall"/2001/jeu vidéo/rajoute ici le titre du space-opera de ton choix/ dans tout ça...) brasse à tout va, rameutant pour l'occasion les mânes de Lelouch (horreur !), Freud, Jean-Pierre Jeunet (Oui ! Encore !!!!), "The Truman Show", Philip K. Dick sous Tranxène ou, à la louche et au kilo, Bernard Werber (si c'est pas malheureux, quand même).
Tout en n'oubliant évidemment pas, quand même et tant qu'on y est, d'y inclure une bonne dose de Jaco Van Dormael vintage à la limite de l'auto-caricature. Voire de l'auto-dérision, d'ailleurs, si l'engin dans son ensemble n'arborait pas à ce point un sérieux digne d'une bulle papale.

En un mot comme en cent, ce pénible pensum kitschounet qui s'écoute ronronner sur des sujets aussi rabattus que le destin, le hasard ou la multiplicité des existences se voudrait profond et concerné alors qu'il n'arrive qu'à bavoter vaguement des lieux communs à la limite du gâtisme. Des couillasseries aussi tartes à la crème que l'effet papillon, par exemple.

C'est un bon exemple.

Le deuxième ennui - et autant vous dire d'entrée que le mot n'est pas choisi par hasard comme dirait ce bon vieux Saramago (tant qu'à chroniquer ce truc autant me la péter moi aussi un peu culture/confiture), c'est que, au vu de son sujet, le film adopte un rythme et une structure qui autorisent les cassures et les soubresauts. Les rembobinages. Les retours en arrière. Les faux départs. Les flash-back et les doubles points de vue.

Ca hoquette et ça bégaie.
Ca se divise pour mieux se répèter.
Cent fois sur le métier, ça remet l'ouvrage.

Et au final eh bien, ça lasse...

Plus que ça, même.
Ne serait-ce l'évidente bonne tenue formelle de l'affaire, ça à vite fait de devenir chiant.
Très chiant, tenez, en fait.

Alors, évidemment, il y a des fulgurances.
Quelques très belles scènes (les vélos dans l'espace).
Le Jaco n'est pas manchot quand il en vient à tenir une caméra.
Loin s'en faut. Même s'il a aussi une fâcheuse tendance au "regardez comme je filme"...
Quelques séquences - toute la partie avec Juno Temple, en gros - ont réussi à toucher, même vaguement, même de loin, la midinette qu'encore une fois je peux être...

Mais bon...
Pour quelques réussites (la direction artistique de toute la première partie), combien de ratés que ne viennent certainement pas sauver le "tout digital" approximatif et maladroit de la période "futuriste" ni surtout le maquillage loupé et le phrasé insupportable du "vieux" Nemo.

Comme en plus Jared Leto se contente d'être beau et lisse et que les autres acteurs sont le plus souvent à côté de la plaque (la Palme à Sarah Polley, exaspérante !), on comprendra que, même si l'affaire n'est pas un naufrage total, ça ne fait guère qu'en toucher une sans bouger l'autre, comme dirait Monseigneur Léonard (sous acide et après quinze Duvel).

Et quand on voit la somme des talents investits (Harry Cleven, Benoît Peeters, François Schuiten, Yslaire, feu Pierre Van Dormael et même cette bonne vieille Zaza Stengers, excusez du peu), il est aussi, me semble-t-il, légitime de se poser certaines questions.

Du type "où tout cela, tout ce talent, cette énergie, cet argent, cette créativité et cette bonne foi aussi, sans doute" est-il passé ?

Dans l'espace, probablement...

Oui, dans l'espace.

Au fond duquel, c'est bien connu, personne ne vous entends bâiller...


Cote: *





(* 1982 et le court-métrage "E Pericoloso Sporgersi")

(** Du moins, on espère que ce soit involontaire)

16 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu es dur, mais fort juste !

José

Ypre a dit…

Tu es dur! mais tu es très mauvais. même si je pense que tu prend ça comme un compliment tu est réellement mauvais! Je pense que cette page " est une ode à la connerie". Je pense que beaucoup de monde tombent sur cette page de manière hasardeuse et y découvre des critiques plus ou moins bonnes. Malheureusement plus tôt mauvaise et très peux bonne.

Prendre un papillon et lui marcher dessus peut faire rire certain mais je doute qua ça face rire tout le monde! A l'heure ou la création perd de son sens, à l'heure ou l'uniformité nous est présenté comme modèle; je pense qu'il faudrait saluer le film de Vandormael qui est hors du commun t de nos sentiers battus!!!
Allez voir et revoir ce filme! Enfin de l'air fraîche dans le cinéma!!!!!!

Young Girls Records a dit…

bon, le dernier commentaire est une blague ou je rêve ?

"A l'heure ou la création perd de son sens, à l'heure ou l'uniformité nous est présenté comme modèle; je pense qu'il faudrait saluer le film de Vandormael qui est hors du commun t de nos sentiers battus!!!"

parce qu'il faudrait au moins un minimum argumenter le "hors du commun de nos sentiers battus" ... ça m'intrigue très fort.

Cartman a dit…

Vu comme c'est écrit (l'air fraiche, qua ça face rire, prendre un papillon et lui marcher dessus, j'en passe et des meilleures) c'est soit une blague, soit un rêve, soit un fan de Paranormal Activity.

Bref...

Chacun son kiff, Ypre. Si mes critiques te déplaisent soit, libre à toi de le dire, bien sûr. Ou de faire ton propre blog pour nous expliquer, effectivement, où se situe ce fameux "hors du commun de nos sentiers battus".

A part ça, ceci reste un blog et un hobby, si t'es pas d'accord avec le point de vue du taulier (encore une fois, c'est ton droit) c'est peut-être pas la peine non plus de venir chier sur les murs sur l'air de "c'est une ode à la connerie".

Ou alors ait au moins le courage de ne pas te cacher derrière un puant anonymat.

Trou du cul.

Cartman a dit…

Ah oui, et tant qu'à dire que je suis "très mauvais", autant argumenter un peu aussi, hein. Ou alors le critère c'est "t'aimes pas le Van Dormael, tu es très mauvais", "tu aimes le Van Dormael, tu es très bon" ?

Finalement, ce film a les fans qu'il mérite.

Ca donne une idée... (et merci d'amener de l'eau à mon moulin, finalement, baudet d'fontaine).

Unknown a dit…

C'est plus moi le baudet des fontaines???


sa sè koool!

Cartman a dit…

SI ! AUSSI !

Anonyme a dit…

Tu es dur! mais tu es très mauvais. même si je pense que tu prend ça comme un compliment tu est réellement mauvais!

Tu te crois supérieur au niveau de la mentalité, et c'est TOUT !

José

Cartman a dit…

Quelque part, oui. Ca doit être ça (sans cédille)...

Cartman a dit…

Avec cédille, en l'occurence, d'ailleurs.

LE DIABLE a dit…

Enfin un site ou on se marre...Ouf.

Anonyme a dit…

Non mais !

José Satan

Schmoll a dit…

C'est trop la folie, dis !

Pascal D. a dit…

Quel blog de gros connard de merde ! Je l'dirai à papy et mamy que tu marches sur des papillons, enculé !

Manquerait plus que tu dises du mal du travail de Sacha (PS; vivement le Bifff, qu'on rigole un bon coup).

Ingmar Bergman a dit…

Perso, je suis d'accord avec tout l'monde !

Cartman a dit…

Bien. Et bien tout le monde ta gueule, alors.

Misère !