jeudi 18 février 2010


Monte là d'ssus !

"In the Air" (Up in the Air) de Jason Reitman (USA); avec George Clooney, Vera Farmiga, Anna Kendrick, Jason Bateman, Sam Elliott, Melanie Linskey...

Ryan Bingham fait un curieux métier. Il licencie des gens. Pour d'autres. C'est un mercenaire, engagé pour virer des types dans des entreprises qu'il ne connait pas, au service de patrons qui n'ont pas les couilles nécéssaires pour faire le sale boulot eux-même... Pour se faire, il se déplace beaucoup. En avion. Pour tout dire, les avions et les aéroports, c'est un peu toute sa vie. Ou ce qui la remplace...

Jason Reitman...

Retenez bien ce nom !

Dans la série des petits malins qui sont ces derniers temps et mine de rien en train de refaire - avec plus ou moins de bonheur - le portrait d'un certain Panthéon hollywoodien sur le retour, il est de ceux qu'il faut tenir à l'oeil.

Au milieu de tous ces jeunes loups, de Sam Mendes à P.T. Anderson en passant par toute la raïa new-yorkaise (les Wes Anderson et autres Spike Jonze/Sofia Coppola...), il ferait même peut-être figure d'exception.
De part son appartenance à la sous-catégorie "fils à papa" (le sien se prénomme Ivan et en son temps réalisa entre autres un certain "S.O.S. Fantômes" et même sa suite, vous vous souvenez ?), sont talent (certain) et son absence d'esbrouffe, voire sa discrétion (qui le rendent immédiatemment plus sympathique que certains vilains branchouilles sus-nommés).

Après avoir remis au goût du jour le feel-good movie et parallèlement donné un coup de projo pas négligeable sur les carrières tout aussi prometteuses de Mesdemoiselles Diablo Cody et Ellen Page, le voilà qui revient à ce qu'il sait faire de mieux* (du moins semble-t-il, le pédigrée du jeune homme n'est encore lui aussi que dans les starting-blocks, après tout) : la comédie noire et néanmoins humaine.

Pour ne pas dire humaniste.

Car, derrière un apparent vernis de cynisme bon tein et de mauvais esprit politiquement fort incorrect, "In the Air" - sur lequel nous n'aurions pourtant pas parié un kopeck, du moins à la lecture du synopsis - est un film intensément humain, oui.
Altruiste et presque empathique, même (oui, oui, allez, on brade !).

Pour ne pas dire carrément feel good, lui aussi... Tiens...

La première partie, lisse et tendue, fonce comme une flèche, droit devant, avec une efficacité drôlatique mais douce-amère qui fait vraiment plaisir à voir.
Une petite merveille de veaudeville "social" à l'ambigu grinçant mais acéré, servie par une réalisation d'une précision millimétrique, des idées de mise en scène hilarantes (la scène du début avec Zach "The Bearded One" Galifianakis), un montage d'une fluidité à tomber par terre et des dialogues qui sifflent au-dessus des têtes comme autant de balles dum-dum.

Qui dit mieux ?
Personne, merci, c'est ma tournée de superlatifs !

La seconde (partie. Y en a qui suivent ou... ? ...) dans laquelle le personnage de coupeur de têtes incarné par Clooney s'humanise et se fissure progressivement au contact de son entourage - ses soeurs, son futur beauf, sa jeune collègue, son nouveau plan-cul-et-plus-si-affinités - pour finir par littéralement exploser en vol (oui, oui, jeu de mots...) au détour d'une scène-clé dite "du perron", magnifique de simplicité et d'intensité émotionnelle, semble de ce fait accuser un vague petit coup de mou.

Mais qu'on ne s'y trompe pas: ce n'est que pour mieux rebondir au gré d'un scénario à l'écriture brillament tenue, qui ménage son lot de morceaux de bravoure low-fi et permet aux acteurs de dérouler de forts beaux numéros.
Froutch...

Dans un rôle qui semble avoir été taillé pour lui, charmant et dégueulasse à la fois, George Clooney fait évidemment des merveilles.
En "social killer" s'éveillant progressivement à la vie et à l'amour, quitte à remettre soudainement en question non seulement une échelle de valeurs mais carrément un mode de vie, il trouve ici un rôle idéal.
Trop, a-t-on presque même envie de dire, tant le personnage et l'acteur finissent par quelque part se confondre.
A ses côtés, ses deux partenaires féminines brillent également.

Vera Farmiga, évidemment, en contrepoint idéal, presque clône au féminin par qui le doute arrive...

Mais aussi, surtout aurait-on presque envie de dire, notre première et triomphale "Révélation de l'Année", la toute jeune et stupéfiante Anna Kendrick !

Dans le rôle de la jeune collègue psychorigide mais qui ne demande qu'à se lâcher, donnant tour à tour envie de la baffer ou de la serrer dans vos bras, elle abat un boulot collossal, arrachant littéralement tout sur son passage.

D'ailleurs, et c'est bien simple, la scène où elle se fait larguer par sms, au cours de laquelle elle arrive à la fois - en l'espace d'une seconde - à vous faire hurler de rire ET à vous déchirer le coeur vaut presque à elle seule le coup d'aller voir le film.

Les trois viennent d'ailleurs de décrocher une nomination (chacun, évidemment, baudets !) aux Oscars. On pense ce que l'on veut de la cérémonie, ce n'est peut-être pas pour rien.

Enfin... Oui. Bon.

Mais allez, en deux mots comme en cent, voila, résumons-nous...

Et disons nous que, pour toutes ces raisons et bien d'autres encore - et malgré une fin qui penche peut-être paradoxalement un peu trop du côté Bisounours de la Force - "In the Air" se pose comme une nouvelle réussite de la part d'un néo-réalisateur qui n'a sans doute pas fini de nous étonner, loin s'en faut.

Et dont, nom de tcheu !, on attend toujours le premier faux-pas.

Gageons qu'il ne soit pas près d'arriver, tenez.

Quoi qu'il en soit et en tout cas: go, Jason ! On y croit !


Cote: ****


6 commentaires:

Unknown a dit…

Ah!Et bien finalement, ça me rassure parce que après lecture du synopsis (écrit avec un piquet de clotûre, j'imagine), ça donnait pas du tout mais alors là, pas du tout envie d'y aller. A louer, donc.

Cartman a dit…

Je ne sais pas. Y a toujours pas d'explosions ni de sabres lasers, hein...

Unknown a dit…

Non mais si je le loue, c'est pour m'endormir dans le divan, pas pour le regarder, faut pas déconner.

Unknown a dit…

Et des explosions de sabres lases ?

Cartman a dit…

Il risque d'y en avoir bientôt où tu sais si tu continue comme ça, petit koala lubrique.

Unknown a dit…

Ah ok, Rue Bélliard !