dimanche 2 novembre 2008
Un autre goût.
"Parlez-moi de la pluie" d'Agnès Jaoui (F); avec Jean-Pierre Bacri, Agnès Jaoui, Jamel Debbouze, Pascale Arbillot, Frédéric Pierrot, Florence Loiret-Caille...
Agathe Villanova, féministe nouvellement engagée en politique, revient dans sa maison familliale dans le sud de la France afin d'aider sa soeur, qui y habite, à ranger les affaires de leur mère, récemment décédée. Bien que n'aimant pas la région, qu'elle a quittée dès qu'elle l'a pu, les hasards de la parité l'y ont parachuté en vue des prochaines élection. Parallèlement, Michel Ronsart et son ami Karim, le fils de l'employée de maison des Villanova, profitent de l'occasion pour interviewer Agathe dans le cadre d'un documentaire sur "les femmes qui ont réussi".
C'est donc globalement plutôt une bonne surprise que ce troisième opus d'Agnès Jaoui réalisatrice, surtout après son déplorable prédécesseur "Comme une image". Une bonne surprise, oui. Mais sans plus.
Sans doute est-ce dû en partie au fait que, mettant de l'eau dans son vin, le couple de scénaristes qu'elle forme avec son compagnon Jean-Pierre Bacri fait preuve ici de moins de condescendance et de parisianisme et d'un peu plus de compassion, voire de sympathie, vis-à-vis de ses personnages.
Exit donc ou presque l'agaçant snobisme et la crasse arrogance de "Comme une image".
La bonne idée de déplacer l'action du film en province y étant probablement pour beaucoup.
On se retrouve donc devant des personnages beaucoup plus sympathiques qu'à l'habitude, même si, comme toujours, ils se débattent avec leurs défauts et leurs contradictions.
Ce qui les rend plus attachants et facilite l'empathie que l'on peut avoir vis-à-vis de ce petit film qui, par delà, creuse le même sillon que ses deux grands frères et ce d'une manière malheureusement un peu trop volatile.
Car c'est là le grand problème de "Parlez-moi de la pluie": si cette comédie aigre-douce réserve son lot de moments tantôt drôlatiques, tantôt émouvants, tout est malheureusement trop survolé pour donner entière satisfaction.
Certes c'est très bien écrit (manquerait plus que ça, me direz-vous), les dialogues sont fins et font souvent mouche et la direction d'acteurs frise la perfection (mention particulière à Jamel Debbouze qui prouve, après "Indigènes", qu'il est un véritable acteur, capable quand il le veut de se sortir de son personnage de comique télévisuel).
Mais la réalisation est un peu tristounette et le sujet pas assez approfondi pour convaincre totalement.
De plus, le film souffre une fois encore de l'excès d'ego du tandem de scénaristes qui s'est gardé les meilleurs rôles et les sur-développent au détriment de la plupart des personnages secondaires, à la limite d'être sacrifiés.
C'est particulièrement dommage, d'ailleurs, dans le cas de la subtile et trop rare Pascale Arbillot qui aurait pu, on ne fait hélas ici que l'entrevoir, développer un beau personnage de femme délaissée.
Pour le reste, bien que vaguement cynique par endroits, tout cela dégouline un peu trop de bons sentiments et de politiquement correct pour être tout à fait honnête et appréciable, malgré quelques belles scènes de comédie pure, comme celle de la nuit passée dans une ferme isolée après une tentative de tournage avortée.
Somme toute, avec ses intrigues secondaires esquissées mais jamais vraiment développées (la relation de Bacri avec son fils, celle de Jamel avec sa collègue...) "Parlez-moi de la pluie" souffre sans doute des défauts génériques du cinéma français contemporain: un manque de prise de risque évident et une tendance dommageable au ronron, malgré de bonnes idées, la présence de vrais talents et une certaine "bonne volonté".
Avec tout ça le nouveau film d'Agnès Jaoui finit par être éminemment regardable et plaisant.
Mais c'est vraiment tout ce qu'il y a à en dire.
C'est bien, oui, c'est bien...
Mais c'est peu...
Cote: **
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