mercredi 12 novembre 2008



Dub-Yah!

"W." d'Oliver Stone (USA); avec Josh Brolin, Elizabeth Banks, James Cromwell, Ellen Burstyn, Richard Dreyfuss, Thandie Newton...

L'irrésistible ascension de George W. Bush qui, malgré les pressions familiales, est passé du stade d'alcoolique notoire et fainéant de compète à celui d'improbable quarante-deuxième président de la première puissance mondiale.

Oliver Stone est un solide manipulateur et un fameux roublard. Qu'on se le dise!

"C'est pas nouveau!" me braille l'écho!
Oui mais quand même...
A ce point-là, ça relève de l'exploit, du véritable sport.

Car avec ce nouveau portrait présidentiel (après "Nixon" et sans compter "JFK") il arrive vraiment à tordre complètement la réalité pour la faire rentrer dans un seul cadre, la voir au travers d'un seul prisme, celui du psychodrame familial.
Il ne nous montre rien d'autre ici qu'un George Bush décliné en vilain petit canard, condamné pour toujours à vivre dans l'ombre d'un père rigide, ambitieux (pour lui et pour les autres) et pour tout dire fort encombrant.
Un père de l'influence duquel il va essayer de s'extraire à tout prix et à qui il n'aura de cesse de prouver qu'il vaut aussi bien que lui, si pas mieux.
Et tout cela sans parler du frère (même si le personnage est ici expédié) ni même de la mère, calculée en espèce de descendance d'éminence grise...

Ce qui nous donne un portrait sans finesse ni nuance d'un W. montré sans cesse comme un imbécile heureux somme toute sympathique et malheureusement manipulé.
Le méchant c'est pas lui.
Les vrais affeux sont ailleurs, ce sont ses conseillers, ses gourous, son bras droit, présentés eux comme réellemment calculateurs et machiavéliques - en particulier un Dick Cheney très retors interprêté avec ce qu'il faut de visquosité par un excellent Richard Dreyfuss.

Du coup, le film, auquel on peut déjà reprocher d'arriver un peu trop tard et de tirer mollement sur l'ambulance, passe tout à fait à côté de son sujet et parvient à réussir l'étonnant tour de force de rendre le futur-ex-président presque sympathique.
Ce qui n'était probablement pas le propos de Stone au départ, en plus.
Malheureusement celui-ci semble bizarrement s'assagir depuis quelques temps, émoussant ses lames sur le rocher du politiquement correct.
Semblant même vouloir, depuis un "World Trade Center" d'extrèmement pénible souvenir, présenter ses excuses à la patrie, comme s'il regrettait ses excès passés.

Le pire c'est qu'en dehors de ses travers à tendance hagiographique (Djoss! Deux fois en deux critiques! A moi la floche!) le film en lui-même n'est pas vraiment mauvais et même plutôt agréable à suivre, si on le prend par le bout du biopic lambda.

La réalisation est discrètement virtuose (on est loin des kitscheries passées mais la scène du rêve dans le Bureau Ovale est un modèle de découpage, par exemple), les coulisses du pouvoir sont habilement disséquées (Même si tout cela est invérifiable. Après tout, personne n'était là pour entendre ce qui se disait, hein?), Oliver Stone, qui nous rappelle qu'il est aussi un brillant scénariste, s'y connait pour ce qui est de raconter une histoire... et bien évidemment, l'interprétation est hors norme!

La création de Josh Brolin, qui arrive à se couler dans le "moule" W. est réellement impressionnante.
Et ses partenaires sont à la hauteur, en particulier James Cromwell dans le rôle d'un Bush père à la fois monolithique et étrangement humain.

L'un dans l'autre, "W." est donc loin d'être un pamphlet, encore plus loin d'être un brûlot.
C'est le film mi-figue, mi-raisin d'un auteur qu'on a connu plus engagé et surtout plus enragé, sauvé en grande partie par son savoir-faire.
Et encore plus par son interprète principal.

Bien foutu à défaut d'être tout à fait honnête. Et qui ne restera probablement pas dans l'histoire.


Cote: **

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Ca veux dire quoi ce mot dit vieux : hagiographique

Cartman a dit…

"L'hagiographie (du grec ancien ἅγιος hagios, « saint », et γράφω graphô, « écrire ») est l'écriture de la vie et/ou de l'œuvre des saints."


"Les critiques de biographies modernes les qualifient, par extension, d’hagiographies lorsqu'ils détectent des passages trop élogieux ou peu critiques."

Anonyme a dit…

Waouw merci je sens que je vais pouvoir le placer dans presque toutes mes phrases maintenant.Et tu crois que ca marche auprés des filles.

Cartman a dit…

Bien entendu.

Unknown a dit…

moi je voudrais (on dit pas "je veux"!) le review de Hellboy2!!! çà au moins, je comprends!

Cartman a dit…

Ca va viendre, un peu de patience...