mercredi 3 septembre 2008



Merci Poppy!

"Be Happy" (Happy-Go-Lucky) de Mike Leigh (UK); avec Sally Hawkins, Eddie Marsan, Alexis Zegerman, Samuel Roukin, Kate O'Flynn, Sylvestra Le Touzel...

Le quotidien de Poppy, trentenaire, londonienne, institutrice, volontaire, détérminée dont l'unique but dans la vie semble d'être toujours positive quelle que soit la situation et d'essayer au maximum de communiquer sa joie de vivre à son entourage: sa colocataire Zoe, sa jeune soeur Suzy, ses élèves ou même Scot, son inquiétant moniteur d'auto-école cyclothymique...

Contrairement à ce que l'on pourrait croire au vu de son caractère éminemment positif, "Be Happy" n'est pas un film si étonnant que cela, ou même à ce point "à part", dans la filmographie de Mike Leigh...
On peut même d'une certaine façon le considérer comme le petit frère espiègle - ou le cousin turbulent - de son chef-d'oeuvre "Naked".
Et voir en Poppy, son héroïne, la petite soeur (ou la cousine, bref...) de son anti-héros SDF et philosophe...

Car si le film de Mike Leigh se veut résolument positif et même solaire, faisant sien la philosophie un rien naïve de Poppy selon laquelle chacun peut s'il en fait l'effort trouver son bonheur dans la vie, il n'en oublie pas pour autant, certes en filigrane mais quand même, de se doubler d'une satire sociale acérée et plutôt féroce, de celle dont est justement coutumier le cinéaste anglais.

En effet, quelle que soit la joie de vivre et la pétulence derrière lesquelles elle se réfugie, Poppy n' a de cesse de se heurter aux aléas pas forcément folichons de la vie que mêne une femme de classe - très - moyenne dans le Londres d'aujourd'hui.
Les petits copains qui ennuient sa soeur, les commerçants pas forcément complaisants, le vol ou même le drame larvé que vit l'un de ses jeunes élèves...

Mais toujours elle rebondit, jamais elle ne se désarme.

Et c'est là qu'est la force du film de Mike Leigh!

Car il fallait un sacré culot pour faire de la "positive attitude " de son personnage principal le sujet, le centre et même finalement l'intrigue de son film...

Et pourtant ça marche, grâce au charme discret de la réalisation de Leigh et grâce aussi à sa narration et à son découpage, tout en vignettes du type "Poppy au pub" "Poppy en voiture", "Poppy rend visite à sa soeur", etc.

Et la fable urbaine admirablement réussie de déboucher sur un "feel good movie" à la pêche formidablement contagieuse dont on ressort à la fois ému, enchanté et regonflé pour la semaine.

Grâce en soit rendue également - et on devrait presque dire "évidemment" - à l'interprétation hors norme de la plus que formidable Sally Hawkins dont les mimiques et onomatopées aussi farfelues que diverses finissent de rendre ce personnage foldingue inoubliable et définitivement attachant.

Alors bien sûr, c'est un fait certain, le côté "absence d'enjeu" déforce un peu un film dont on se demande parfois sur quoi il va bien pouvoir déboucher.

Mais Mike Leigh est un vieux singe à qui il ne faut certainement plus apprendre à faire la grimace et il s'arrange pour faire évoluer l'histoire sans presque en avoir l'air vers un climax d'autant plus prenant qu'il semble presque surgir de nulle part.
Et qui, face au caractère quasi volatil de ce qui a précédé, en devient un modèle de ce que l'on peut faire de plus tendu et de plus étonnant à partir de rien, ou presque.

Le tout pour mieux retomber une dernière fois sur ses pattes et se terminer sur un épilogue bien en accord finalement avec l'esprit général de l'entreprise.

Si ça c'est pas du Grand Art, alors... faudra qu'on m'explique.


Cote: ****

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