lundi 29 septembre 2008

Heroes and Icons...


(Billy Wilder - 1906/2002)


Pourquoi je ne suis pas allé voir...

(ou "toi aussi fais ton Finkielkraut en parlant de films que tu n'as même pas vus")

VI. "JCVD"; de Mabrouk el Mechri (F); avec Jean-Claude Van Damme, François Damiens, Zinedine Soualem...

Jean-Claude Van Damme...
Encore une icône belge!
Qui plus est, passé au fil des ans, grâce à une sorte de candeur et de spontanéité naïve, du statut de vilain acteur de films de lattes à la con qu'on était un peu obligé de haïr à celui d'idôle des jeunes "tellement drôle et tellement touchant" trempé dans cette belgitude de carnaval chère aux français, toujours prèts à brandir des Arno, Nothomb ou Poelvoorde folkloriques sur le thème rabaché de "ils sont belges et ils sont fous"...

Idôle que l'on est donc quelque part tenus d'apprécier, au nom d'une "identité culturelle" factice, gonflée au complexe d'infériorité mal placé... Un peu comme les Dardenne, oui. Mais au moins ont-ils, eux, quelque chose à filmer et le font-ils avec un relatif talent...

Et le film d'El Mechri est un peu un hymne à tout cela. Donc, pour nous, presque un passage obligé.

Alors pourquoi? Pourquoi ai-je failli à tous mes devoirs et ne suis-je pas allé voir "JCVD"?

1. Vous vous en doutez, parce que moi, justement, cette "belgitude" de kermesse, à part jadis les Snuls et aujourd'hui vaguement les frères Jambon (et encore, pour de toutes autres raisons), je m'en passe bien, merci.
L'onirisme social à deux francs six sous d'un Lanners, d'un Mariage ou pire, d'un Liberski, les "artistes officiels" de type Poelvoorde ou Damiens, qui jouent sans cesse le même personnage, c'était bien du temps de "C'est arrivé près de chez vous", oui. Plus de 15 ans après, il serait peut-être temps de se renouveler un peu, les aminches... Vous pensez pas?
D'accord, ici le film est "techniquement" français. Mais on s'est compris, hein...

2. Parce que, sans pour autant le détester et le rejeter en bloc, le côté "drôle et touchant" du Jean-Claude, ses "aware" et autres métaphores sur les nuages et les bateaux, justement, y en a clairement que ça amuse, mais pas moi. Et puis c'est tout, na!

3. Parce que, je l'ai déjà dis, je me méfie des films-gadgets, pour lesquels tout semble reposer sur une idée, un concept... Et franchement, dans le genre, celui-ci m'a quand même l'air d'en être un fameux...

Est-ce que je le louerai quand il sortira en DVD (si ce n'est pas déjà fait)?

Faut voir... Mais c'est franchement pas sûr...

Prochainement: pourquoi je ne suis pas allé voir "Valse avec Bashir", d'Ari Folman.

dimanche 28 septembre 2008


L'arme à gauche, ouais...

Tout le monde doit déjà l'avoir faite...

N'empêche, plus jamais je mangerais des oeufs durs de la même manière...

So long, Paulo, so long... Ca fait bizarre, quand même...

lundi 22 septembre 2008



Chaos A.D.

"Babylon A.D." de Mathieu Kassovitz (F/USA); avec Vin Diesel, Mélanie Thierry, Gérard Depardieu, Charlotte Rampling, Lambert Wilson, Michelle Yeoh...

Dans un futur plus ou moins proche, Toorop, mercenaire réputé et quasiment indestructible, est chargé par un ponte de la Mafia de convoyer Aurora, jeune fille mystérieuse convoitée par un puissant ordre religieux, du fin fond de la Russie jusqu'à New York...

Bim, bang, vloum, badaboum tsoin tsoin...

Voila donc le fameux brol!
Le truc le plus décrié de ces dernières semaines.
Ereinté par la critique, snobé par le public, désavoué tant par son réalisateur que par le studio qui l'a produit (la Fox), l'un et l'autre se renvoyant la balle au petit jeu de "qui a salopé le boulot de l'autre".
Un bazar qui plus est né de la plume de Maurice G. Dantec, écrivain "sulfureux" s'il en est, dont les récentes prises de positions débilo-nazillonnes et autres délires paranoïaques ont finalement plus assis la - mauvaise - réputation que son oeuvre littéraire proprement dite, bien pauvre, avouons-le (à l'exception peut-être des "Racines du Mal", et encore, faudrait que je le relise)...

Et alors quoi?

Rien de tout ça...

Gageons même que si le film n'avait pas été réalisé par Kassovitz et écrit par l'autre timbré il n'aurait pas fait couler la moitié de l'encre et de la bile versée ici...
Loin de là.
Et aurait sans doute été considéré comme un blockbuster con-con et explosif, pas plus mauvais ni certainement meilleur qu'un autre.
Avec ses morceaux de bravoures - parce qu'il y en a - et ses plantures. Point barre.
Un John McTiernan du dimanche, quoi...
Avec ce petit plus tenant au fait qu'il a été réalisé par Kassovitz, justement...
Kassovitz que l'on attend au tournant de manière un peu redondante depuis qu'il s'est éloigné de "La Haine" pour s'égarer dans le gros cinoche de commande, le soufflé commercial amériki du type "Gothika".
Voire, déjà, "Les Rivières Pourpres", tiens...

Alors, oui, il y a plein de choses qui ne vont vraiment pas dans cette adaptation de "Babylon Babies".

Déjà, le scénar me parait réduire le bouquin ridiculement foisonnant de Dantec de manière un brin drastique, quand même, il faut bien le dire.
Peut-être pour le mieux, d'ailleurs...
Je peux aussi me tromper, cela dit, la brique en question m'étant tombée des mains aux trois quarts de la lecture (et puis, là aussi, ça remonte)...

Bref...

Le problème de cet écrémage, c'est que le gloubiboulga déjà pas très digeste du Maurice, qui malaxe quand même allègrement secte, manipulation génétique, terrorisme, millénarisme, Hell's Angels, ambiance pré/post apocalyptique (ah oui, c'est n'importe quoi, c'est sûr), géopolitique à deux francs de l'heure et j'en passe bien sûr, merci, redigéré ici pour rentrer dans un format acceptable par la production et régurgité dans un décorum qui convoque autant Mad Max et "Les Fils de l'Homme" qu'un Philip K. Dick version Reader's Digest relifté par Spielberg en descente d'acide, ça a un peu du mal à passer, c'est sûr.

L'autre enroule, celle qui achève d'enterrer le film, c'est que la réalisation du pourtant doué Kasso (ben oui, quand même) est malheureusement schizophréniquement à l'avenant, elle qui déroule ses scènes d'action ultra-stéroïdées mais parfaitement illisibles, ses partis pris à la con (les deux scènes de Depardieu et son maquillage à la truelle, c'est une blague ou quoi?) et son côté globalement neu-neu, divertissement mongoloïde pour grands enfants new age pas très nets, biberonnés au jeux videos de type shoot'em up débiles.

Mais force est de reconnaitre qu'il a quand même de beaux restes, l'gamin, et que l'une ou l'autre scène comme celle de la gare ou celle du sous-marin nous font entrevoir ce que le film aurait pu être s'il n'avait pas traversé ces longs mois de development hell...
En parallèle, malheureusement, combien de scènes et d'effets grotesques, de ralentis sursignifiants, de filtres ou de saturations inutiles et surtout de surenchère maladroite... Dommage, vraiment, car en l'espèce le film, qui pâtit également d'un casting par trop hétéroclite au sein duquel seule la frèle Mélanie Thierry tire un tant soit peu son épingle du jeu, n'est pas vraiment honteux lorsqu'on le prend par le bout du simple divertissement.
On ne peut même pas dire que l'on s'ennuie, allez...

Mais le boursouflage programmé finit par l'emporter et l'on se retrouve quand même fort marri devant ce cake par trop indigeste.

A se demander où a bien pu passer Mathieu Kassovitz.

Et surtout quand il va bien vouloir revenir...


Cote: *

mercredi 17 septembre 2008



Tranche de rire.

"Le Silence de Lorna" de Luc et Jean-Pierre Dardenne (B); avec Arta Dobroshi, Jérémie Renier, Fabrizio Rongione, Morgan Marinne, Olivier Gourmet, Serge Larivière...

Pour ouvrir un snack en compagnie de son amoureux, Lorna, jeune femme d'origine albanaise, a accepté de tremper dans la combine de Fabio, mafieux au petit pied... Elle a ainsi épousé Claudy, un jeune toxicomane, afin d'obtenir la nationalité belge et, après divorce ou veuvage, épouser en seconde noce un ressortissant russe voulant devenir belge à son tour. Mais pour accélérer la procédure, Fabio s'est mis dans la tête d'éliminer Claudy.

Aaaaaaaaaah! Les frères Dardenne!

Tartes à la crème du cinéma belgo-belge et étendard de ce que "notre petit pays peut produire de mieux".
J'entends d'ici brâmer dans les forêts!

Parce qu'il est bien entendu, vu et admis de longue date que c'est nul, les Dardenne.
C'est surestimé, c'est chiant.
C'est comme les (ex) Sacrés Belges ou les Ukulélés Sessions: c'en est même un vrai scandale!

Eh bien moi j'aime bien le cinéma des Dardenne, na!
Et prout, même... Rien à foutre.

D'accord, d'accord, le délire cannois à répétition autour d'absolument chacun de leurs nouveaux films, je trouve ça exagéré.
Je suis d'accord pour dire que ça relève presque du running gag, tiens.
Et leur statut d' "artistes officiels", comme l'était en son temps l'abominable Folon, dans une autre spécialité, ça a, moi aussi, tendance à me faire grimper aux rideaux.
C'est vrai.

Mais leurs films, j'aime bien.
J'aime même de plus en plus, d'ailleurs...
Parce qu'il faut bien admettre aussi qu'une de leurs forces c'est que leur cinéma est en perpétuelle évolution et surtout en perpétuelle amélioration, même s'ils ont évidemment tendance à donner l'impression de remettre sans cesse l'ouvrage sur le métier.
Ce qui n'est pas plus mal, surtout quand on a l'occasion de revoir leur premier opus, le vraiment très casse-couilles "Falsch" (avec Bruno Cremer).
Et cette peut-être à cette continuelle amélioration, comme disait je ne sais plus quel critique d'art à propos de Séraphine de Senlis, que l'on reconnait le vrai talent.
Leur vrai talent.

Et donc, forcément, "Le Silence de Lorna" est leur meilleur film. Tout simplement.
Et de loin, même, je dirais...
Facile, bien entendu, siffleront leurs détracteurs. Peut-être pas tant que ça.
Oh, bien sûr, cette qualité tient sûrement aussi dans le fait que c'est leur opus le plus accessible, le plus grand public, que les frangins présentent ici.
Mais justement, c'était peut-être là la grande difficulté de l'entreprise: arriver à conjuguer un cinéma social âpre et austère, qui porte très nettement leur griffe, et un cinéma ouvert à tous, clair, lisible, qui n'en oublie pas pour autant de raconter une histoire.
De construire une intrigue. Et d'installer un vrai suspense.

Un film finalement très subtil, au scénario très riche (même si, une fois encore, le prix cannois était peut-être un peu usurpé) qui reconstitue très bien les atermoiements de son héroïne en n'hésitant pas à la confronter de manière extrèmement frontale a des situations cruelles, tout en essayant pas d'excuser le côté limite hardcore de ses propres comportements et de ses propres réactions.

Un vrai film noir qui se déroule implacablement, servi par une force stylistique jamais prise en défaut (le côté dynamique des plans des Dardenne et la fluidité du travail de caméra sont, comme toujours, impressionants) et l'interprétation sans faille d'une Arta Dobroshi et d'un Jérémie Renier vraiment impeccables.

D'une puissance émotionnelle assez rare - et qui va crescendo - "Le Silence de Lorna" arrive qui plus est, de par sa fin bizarrement onirique, à ouvrir une nouvelle porte dans l'univers décidément étonnant des frères.

Un cinéma de plus en plus fort qui semble enfin vraiment se décider à évoluer vers de nouveaux horizons.

Tout en restant fidèle à lui-même.

Amazing, isn't it?


Cote: ***

mercredi 3 septembre 2008



Merci Poppy!

"Be Happy" (Happy-Go-Lucky) de Mike Leigh (UK); avec Sally Hawkins, Eddie Marsan, Alexis Zegerman, Samuel Roukin, Kate O'Flynn, Sylvestra Le Touzel...

Le quotidien de Poppy, trentenaire, londonienne, institutrice, volontaire, détérminée dont l'unique but dans la vie semble d'être toujours positive quelle que soit la situation et d'essayer au maximum de communiquer sa joie de vivre à son entourage: sa colocataire Zoe, sa jeune soeur Suzy, ses élèves ou même Scot, son inquiétant moniteur d'auto-école cyclothymique...

Contrairement à ce que l'on pourrait croire au vu de son caractère éminemment positif, "Be Happy" n'est pas un film si étonnant que cela, ou même à ce point "à part", dans la filmographie de Mike Leigh...
On peut même d'une certaine façon le considérer comme le petit frère espiègle - ou le cousin turbulent - de son chef-d'oeuvre "Naked".
Et voir en Poppy, son héroïne, la petite soeur (ou la cousine, bref...) de son anti-héros SDF et philosophe...

Car si le film de Mike Leigh se veut résolument positif et même solaire, faisant sien la philosophie un rien naïve de Poppy selon laquelle chacun peut s'il en fait l'effort trouver son bonheur dans la vie, il n'en oublie pas pour autant, certes en filigrane mais quand même, de se doubler d'une satire sociale acérée et plutôt féroce, de celle dont est justement coutumier le cinéaste anglais.

En effet, quelle que soit la joie de vivre et la pétulence derrière lesquelles elle se réfugie, Poppy n' a de cesse de se heurter aux aléas pas forcément folichons de la vie que mêne une femme de classe - très - moyenne dans le Londres d'aujourd'hui.
Les petits copains qui ennuient sa soeur, les commerçants pas forcément complaisants, le vol ou même le drame larvé que vit l'un de ses jeunes élèves...

Mais toujours elle rebondit, jamais elle ne se désarme.

Et c'est là qu'est la force du film de Mike Leigh!

Car il fallait un sacré culot pour faire de la "positive attitude " de son personnage principal le sujet, le centre et même finalement l'intrigue de son film...

Et pourtant ça marche, grâce au charme discret de la réalisation de Leigh et grâce aussi à sa narration et à son découpage, tout en vignettes du type "Poppy au pub" "Poppy en voiture", "Poppy rend visite à sa soeur", etc.

Et la fable urbaine admirablement réussie de déboucher sur un "feel good movie" à la pêche formidablement contagieuse dont on ressort à la fois ému, enchanté et regonflé pour la semaine.

Grâce en soit rendue également - et on devrait presque dire "évidemment" - à l'interprétation hors norme de la plus que formidable Sally Hawkins dont les mimiques et onomatopées aussi farfelues que diverses finissent de rendre ce personnage foldingue inoubliable et définitivement attachant.

Alors bien sûr, c'est un fait certain, le côté "absence d'enjeu" déforce un peu un film dont on se demande parfois sur quoi il va bien pouvoir déboucher.

Mais Mike Leigh est un vieux singe à qui il ne faut certainement plus apprendre à faire la grimace et il s'arrange pour faire évoluer l'histoire sans presque en avoir l'air vers un climax d'autant plus prenant qu'il semble presque surgir de nulle part.
Et qui, face au caractère quasi volatil de ce qui a précédé, en devient un modèle de ce que l'on peut faire de plus tendu et de plus étonnant à partir de rien, ou presque.

Le tout pour mieux retomber une dernière fois sur ses pattes et se terminer sur un épilogue bien en accord finalement avec l'esprit général de l'entreprise.

Si ça c'est pas du Grand Art, alors... faudra qu'on m'explique.


Cote: ****

lundi 1 septembre 2008



En avant pour la suédisation!

"Soyez Sympas, Rembobinez" (Be Kind, Rewind) de Michel Gondry (USA); avec Jack Black, Mos Def, Melonie Diaz, Danny Glover, Mia Farrow, Sigourney Weaver...

Après être devenu accidentellement magnétique, Jerry efface tout aussi accidentellement toutes les cassettes du vidéo-club où travaille son meilleur ami, Mike. En l'abscence du patron et pour satisfaire dans un premier temps leur fidèle cliente Mme Kimberley, une vieille dame n'ayant plus toute sa tête, les deux compères décident de retourner eux-mêmes, à toute vitesse et avec les moyens du bord des "remakes" de certains films effacés. A commencer par "S.O.S. Fantômes"... Un procédé qu'ils ont tôt fait de baptiser "suédisation"...

J'ai toujours éprouvé une certaine méfiance envers la petite bande de cinéaste branchés-bobos-new-yorkais à laquelle peut légitimement être rattaché le pourtant frenchie Michel Gondry.
Les Spike Jonze, Wes Anderson, Charlie Kaufman et autres David O. Russell, tripatouilleurs de petits films frimeurs et branchagas, toujours à la limite de la private-joke et, en ce qui me concerne en tout cas, souvent à la limite du mépris.
Du mépris pour le spectateur, s'entend, ce qui pour moi est quasiment synonyme de faute grave, dans le milieu cinématographique.

Des jeunes gens fort doués, il faut l'admettre, bien entendu (y a qu'à voir l'art assumé du cadre d'un Anderson, par exemple. A rendre jaloux Scorsese himself) mais trop préoccupés de se faire rire eux même et leurs amis au dépend du public pour livrer autre chose que des oeuvrettes intellos pompeuses qui frisent bien souvent la branlette.

A l'exception du fondateur "Dans la Peau de John Malkovich" et jusqu'au récent "A Bord du Darjeeling Limited" (toujours d'Anderson, tiens, tiens...) cela donnait généralement lieu au mieux à de gentils filmounets volatils et sans trop d'intérêt, au pire à d'énorme baudruches gonflées à l'orgueil et au "regarde-comme-je-filme"...

Et Michel Gondry ne faisait pas exception.
A part le très bon, mais encore parfois irritant "Eternal Sunshine of the Spotless Mind", pas grand chose à se mettre un tant soit peu sous la dent...

D'où, vous me voyez venir de loin je m'en doute, une excellente surprise ma foi que ce "Be Kind, Rewind" (oui, on va s'en tenir au titre original parce qu'une fois de plus, la V.F., hein...), présenté pourtant par les admirateurs du cinéaste - il y en a... - comme une oeuvre mineure...

Après un début pas terrible qui fait effectivement penser à une version "fictionnalisée" d'un épisode de "Jackass", ce petit film sympathique en diable se met en place et finit bien par vous emporter dans son univers poétique, foufou et gentillement décalé.

Un univers qui, mine de rien, se révèle être une véritable déclaration d'amour au cinéma et à ses origines et qui se double incidieusement d'une dimension "politique" à travers sa fine petite morale.
Laquelle, sans en avoir l'air, oppose une certaine forme d'artisanat militant à l'hégémonie des tout-puissants studios, voire des toutes-puissantes chaines de video-clubs, de celles et ceux qui proposent cent fois le même blockbuster à leurs clients décérébrés.

Burlesque, émouvant, intelligent, souvent hilarant (la plupart des versions "suédisées" des films sont à se pisser dessus) "Be Kind, Rewind" malgré son côté potache (ou peut-être bien à cause de lui) en devient du coup follement attachant.

Malin et particulièrement réussi grâce à l'ingénieux parallèle entretenu entre son sujet et sa mise en scène, toute de bricolage et d'expédients, le film de Gondry réussit la gagueure d'être à la fois outrancier et d'une finesse rare, maitrisé et improvisé, cérébral et ludique, ouvrant pour la première fois l'univers branque du cinéaste au monde extérieur en un grand élan sincère et - paradoxalement dans le cas de son auteur - dépourvu de prétention.

Un film qui, sans donner de leçon (oui, oui, c'est un comble!), préconise un grand retour au "fait maison" tout en réussissant l'amalgame peu commun entre film d'auteur et divertissement.

Certainement pas un chef-d'oeuvre, non.

Mais quand même peut-être une petite révolution.


Cote: ***