mercredi 16 juillet 2008



C'était vraiment très intéressant...

"La Personne aux Deux Personnes" de Nicolas et Bruno (F); avec Daniel Auteuil, Alain Chabat, Marina Foïs, François Damiens, Joey Starr, Frédéric Beigbeder...

Gilles Gabriel, chanteur 80's sur le retour, meurt dans un accident de voiture provoqué par le terne et ringard Jean-Christian Ranu, comptable à la COGIP. Mais Gilles n'est pas vraiment mort; l'accident l'a en quelque sorte "transféré" dans le corps de Jean-Christian. Lequel ne comprend pas d'où vient subitement cette voix qui parle dans sa tête...

Oui, c'est assez bien barré.

Alors autant le dire tout de suite: allergiques au nonsense, au too much, au kitsch et surtout à l'humour "Canal" tel qu'incarné jadis - entre autres - par les Nuls; passez votre chemin.
Prenez vos jambes à votre cou et fuyez.
Vite!
Et loin!

Pour les autres...

Eh bien pour les autre, c'est du caviar!

Nicolas et Bruno, souvenez-vous, c'était les deux fous furieux responsables du "Message à Caractère Informatif", une capsule de quelques minutes dans laquelle ils détournaient de vieux films institutionnels, souvent allemands ou provenant des Pays de l'Est, en les remontant et en les doublant de manière totalement décalée et délirante.
On retrouve d'ailleurs ici leur goût étrange, proche du fétichisme, pour le milieu du travail.
Pour l'entreprise, ses codes et son décorum.
Ainsi qu'un penchant affirmé pour les années septante et quatre-vingt, tant dans la musique que dans les costumes et les décors, riches et châtoyants.
Odieux, pour tout dire.
Et hilarants!

Car l'utilisation quasi cauchemardesque de ces stéréotypes ainsi que le détournement astucieux du décor néo-ceaucesquien de la Défense, à Paris, sont aussi pour beaucoup dans la réussite de l'entreprise (Achtung! Kolossal JEU DE MOTS!).

Le reste tient en un jusqu'au-boutisme maniaque (n'oublions pas, quand même, que le film tout entier tient sur une et une seule idée) et en un timing burlesque presque surhumain, personnifié par un Daniel Auteuil à la limite du méconnaissable, présent de manière quasi permanente à l'écran - et la plupart du temps tout seul en plus - et faisant preuve d'un abattage qu'on ne lui connaissait plus, ou si peu, depuis longtemps, habitués que l'on était finalement à le voir évoluer en des terres plus dramatiques (le mot est faible).
Depuis presque vingt ans déjà...

Mais il serait injuste d'oublier ses deux seuls vrais partenaires (oui, le reste est anecdotique ou de l'ordre du caméo de luxe - voir ci-dessus): Alain Chabat, présent physiquement dans seulement trois scènes mais omniprésent par la voix, servant avec son bonheur habituel des dialogues qu'il semble avoir écrits lui-même tellement ils roulent avec une facilité déconcertante et bien sûr Marina Foïs, impériale en salope psychorigide dépassée par les événements.

Le problème, évidemment - mais il est minime, surtout au vu de la durée de l'engin - c'est que cette bonne idée de départ peine parfois un peu à tenir la longueur.
Mais grâce à l'investissement de ses interprètes, à l'efficacité de ses situations et grâce aussi à un épilogue pour une fois impecablement amené, on finit par passer le cap avec bonheur et en souplesse.

Et puis, surtout, une chose est sûre; on rit! Et pas qu'un peu!

Et comme après tout, c'était le but... Hein...


Cote: ***

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