Oz, un monde extraordinaire...
"Un Prophète" de Jacques Audiard (F); avec Tahar Rahim, Niels Arestrup, Leïla Bekhti, Antoine Basler, Gilles Cohen, Abdel Bencherif...
Condamné à six ans de prison, Malik, 19 ans, ne sait ni lire ni écrire. Il parait plus faible que les autres. Et de fait, il tombe d'emblée sous la coupe d'un groupe de prisonniers corses qui fait régner la loi sur la prison. Le jeune homme apprend vite, s'endurcit et, au fil des missions, gagne la confiance du groupe et de son leader, le redoutable César Luciani. Mais très vite, Malik évolue et se sert de son intelligence pour monter son propre réseau.
Oui, il y a quelque chose de Oz - la série, bien entendu, dans ce "Prophète"...
Dans sa description crue, froide et directe de l'univers carcéral avec ses codes, ses gangs, sa violence. Et avec ce quelque chose en plus, de fantastique, presque onirique, qu'insuffle Audiard. En moins léché, moins "hollywoodien" - moins "télévisuel" aussi, bien sûr.
Quelques chose de "Hunger", le magnifique film de Steve McQueen, aussi.
Dans sa manière d'inclure des séquences presques poétiques où la nature est filmée de manière élégiaque, à la façon d'un Malick, oui, une fois encore.
Ou dans cette façon qu'il a de ménager de longues plages de calme pour tout à coup mieux exploser.
Quelque chose de "Scarface", forcément, aussi, par sa description méthodique de l'ascension d'une petite frappe analphabète et de sa transformation en... quelque chose d'autre...
Pas un caïd, pas un parrain...
Pas un héros, non plus.
Mais un peu de tout ça...
A la seule force du poignet, de la volonté.
Par des mécanismes particulièrement retors et brillants qui le font apprendre sans le montrer la langue de l'autre mais aussi ses techniques, ses forces et ses faiblesses pour mieux le manipuler tout en ayant l'air de lui prèter le flanc.
En celà, le film d'Audiard qui suit le même cheminement que son principal protagoniste, en s'éloignant des prestigieux modèles cités plus haut, en les transcendant même jusqu'à devenir un objet filmique en tout point unique, est admirable.
D'abord parce qu'il tire sa force du fait qu'il échappe en permanence à tout jugement moral, se contentant de montrer, simplement, pour toucher au plus juste.
Ensuite parce qu'entre accalmies - face-à-face à la fois lourds de sens et cousus de non-dits - et soudains éclairs de violence, par ses fulgurances stylistiques (Ah ! La scène des chevreuils qui donne son titre au film !), il laisse le spectateur complètement lessivé mais aussi heureux. Heureux de tant de force et, surtout, de tant d'audace.
Enfin, parce qu'il révèle un acteur, bien sûr, ce Tahar Rahim dont on ne dira jamais assez qu'il porte vraiment le film à bout de bras, mais aussi parce qu'il en confirme un, au talent rare et unique: Niels Arestrup, tout simplement... disons... à tomber par terre.
Et que c'est aussi de leur alchimie que nait le souffle singulier du film.
Pour toutes ces raisons et pour bien d'autres encore, "Un Prophète" se pose sans mauvais jeu de mots en petit miracle cinématographique comme on voudrait qu'il en arrive plus souvent.
D'un autre côté, Jacques Audiard tourne peu et lentement, il peaufine, il pèse, il macère... Il questionne son propre statut et celui de son art, aussi. Il se remet en question. Bref, il sait se faire rare.
Et comme c'est sans doute cette manière de travailler qui l'amène à engendrer des films pareils...
Qu'il continue à prendre son temps.
Cote: ****
"Un Prophète" de Jacques Audiard (F); avec Tahar Rahim, Niels Arestrup, Leïla Bekhti, Antoine Basler, Gilles Cohen, Abdel Bencherif...
Condamné à six ans de prison, Malik, 19 ans, ne sait ni lire ni écrire. Il parait plus faible que les autres. Et de fait, il tombe d'emblée sous la coupe d'un groupe de prisonniers corses qui fait régner la loi sur la prison. Le jeune homme apprend vite, s'endurcit et, au fil des missions, gagne la confiance du groupe et de son leader, le redoutable César Luciani. Mais très vite, Malik évolue et se sert de son intelligence pour monter son propre réseau.
Oui, il y a quelque chose de Oz - la série, bien entendu, dans ce "Prophète"...
Dans sa description crue, froide et directe de l'univers carcéral avec ses codes, ses gangs, sa violence. Et avec ce quelque chose en plus, de fantastique, presque onirique, qu'insuffle Audiard. En moins léché, moins "hollywoodien" - moins "télévisuel" aussi, bien sûr.
Quelques chose de "Hunger", le magnifique film de Steve McQueen, aussi.
Dans sa manière d'inclure des séquences presques poétiques où la nature est filmée de manière élégiaque, à la façon d'un Malick, oui, une fois encore.
Ou dans cette façon qu'il a de ménager de longues plages de calme pour tout à coup mieux exploser.
Quelque chose de "Scarface", forcément, aussi, par sa description méthodique de l'ascension d'une petite frappe analphabète et de sa transformation en... quelque chose d'autre...
Pas un caïd, pas un parrain...
Pas un héros, non plus.
Mais un peu de tout ça...
A la seule force du poignet, de la volonté.
Par des mécanismes particulièrement retors et brillants qui le font apprendre sans le montrer la langue de l'autre mais aussi ses techniques, ses forces et ses faiblesses pour mieux le manipuler tout en ayant l'air de lui prèter le flanc.
En celà, le film d'Audiard qui suit le même cheminement que son principal protagoniste, en s'éloignant des prestigieux modèles cités plus haut, en les transcendant même jusqu'à devenir un objet filmique en tout point unique, est admirable.
D'abord parce qu'il tire sa force du fait qu'il échappe en permanence à tout jugement moral, se contentant de montrer, simplement, pour toucher au plus juste.
Ensuite parce qu'entre accalmies - face-à-face à la fois lourds de sens et cousus de non-dits - et soudains éclairs de violence, par ses fulgurances stylistiques (Ah ! La scène des chevreuils qui donne son titre au film !), il laisse le spectateur complètement lessivé mais aussi heureux. Heureux de tant de force et, surtout, de tant d'audace.
Enfin, parce qu'il révèle un acteur, bien sûr, ce Tahar Rahim dont on ne dira jamais assez qu'il porte vraiment le film à bout de bras, mais aussi parce qu'il en confirme un, au talent rare et unique: Niels Arestrup, tout simplement... disons... à tomber par terre.
Et que c'est aussi de leur alchimie que nait le souffle singulier du film.
Pour toutes ces raisons et pour bien d'autres encore, "Un Prophète" se pose sans mauvais jeu de mots en petit miracle cinématographique comme on voudrait qu'il en arrive plus souvent.
D'un autre côté, Jacques Audiard tourne peu et lentement, il peaufine, il pèse, il macère... Il questionne son propre statut et celui de son art, aussi. Il se remet en question. Bref, il sait se faire rare.
Et comme c'est sans doute cette manière de travailler qui l'amène à engendrer des films pareils...
Qu'il continue à prendre son temps.
Cote: ****
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