mardi 20 janvier 2009



En direct de Groland...

"Louise-Michel" de Gustave de Kervern et Benoît Delépine (F); avec Yolande Moreau, Bouli Lanners, Benoît Poelvoorde, Mathieu Kassovitz, Albert Dupontel, Francis Kuntz...

Dans une petite ville de Picardie, le patron d'une usine (de cintres?) profite de la nuit pour vider celle-ci afin de la délocaliser. Les ouvrières décident de mettre leur argent en commun pour engager un professionnel, chargé de liquider le patron voyou. Désignée par ses collègues pour trouver le tueur en question, Louise engage Michel, un "mercenaire" plus maladroit et mythomane qu'autre chose...

Eh bé, eh bé, eh bé...

Dans le genre "déjanté" (un terme que je déteste mais bon, faut ce qu'il faut) autant avouer tout de suite que ce troisième effort en commun des deux grolandais Kervern et Delépine se pose un peu là...

Et pourtant, paradoxalement, ce qui saute d'abord aux yeux avec ce road-movie surréaliste mâtiné de film social et de comédie noire, c'est le côté éminement plus "construit" - par rapport aux précédents "Aaltra" et "Avida" - aussi bien de l'histoire que de la réalisation.

Et c'est ce qui fait la grande force du film: son caractère - apparemment - plus maitrisé permet au spectateur de se focaliser plus facilement sur ce qui fait son intérêt, à savoir l'accumulation de digressions toutes plus délirantes les unes que les autres qui viennent se greffer sur l'"intrigue" comme autant de curieuses métastases...

Alors, bien sûr, il y a l'argument. Féroce. Engagé et enragé. Et surtout "tenu" jusqu'au bout.
Le côté jusquau-boutiste du scénario...

Mais c'est plutôt de la curieuse ambiance bizarrement nostalgique, évidemment poétique (sans jamais tomber dans le cliché inhérent à bien des productions belges auxquelles le film renvoie parfois) qui tient à bout de bras ce drôle de bricolage...

L'inventivité de certaines scènes (Poelvoorde et sa reconstitution du 11 septembre), le politiquement incorrect de bien d'autres (Kassovitz en fermier bio, Kuntz et son trou de serrure... Sans compter évidemment le grand "double twist" que l'on trouve au coeur de l'histoire et qu'il serait cruel de dévoiler), la drôlerie des dialogues et tous ces petits détails qui parsèment le film comme dans une bd de Gotlib (la voix-off permanente dans les rues de la petite ville picarde, par exemple) finissent de rendre l'ensemble à la fois intrigant, émouvant ET réellement captivant...

Ca en devient même curieux de constater à quel point ce truc, qui part littérallement dans tous les sens, garde une cohérence parfaite et ne perd jamais personne en route.
Tout en donnant vraiment l'impression de fonctionner selon une logique qui lui est propre... Et pour cause...

Si l'on rajoute à tout cela l'excellence des deux interprêtes principaux (Moreau quasi-mutique et impressionante de présence, Lanners volubile, drôlatique et parfois presque éthéré) et de ceux qui les entourent, on se retrouve au total devant un film totalement azimuté, certes, mais assez impressionnant de maîtrise nonchalante...


Cote: ***


4 commentaires:

Unknown a dit…

Ah beh tu m'as donné envie de le voir, tiens!

Cartman a dit…

J'espère bien. C'est le film le plus zoulk de ces dix dernières années.

Anonyme a dit…

Est ce qu'il le joue encore au moins.Au passage j'ai revoté,tu me doit donc deux groupies.

Cartman a dit…

Merde alors! Heureusement qu'il y a un vivier du côté de Mons...

Je crois qu'on le joue encore, oui.

Mais c'est vrai que j'ai pris pas mal de retard dans mes chroniques...

Je vais essayer de me rattraper dans les prochains jours.

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